Croisade, vous avez dit croisade ?

Publié le 30 mars 2011 par Veille-Education

Dès que la coalition occidentale est passée à l’action en Libye, Kadhafi a dénoncé une nouvelle « croisade », suivi en cela par Poutine. Puis ce fut au tour de Claude Guéant d’utiliser ce terme controversé pour qualifier l’intervention en Libye. Mais qu’en est-il de la réalité historique du mythe de la croisade ?

Saint Louis et la septième croisade (XIIIe siècle)

Le mythe de la Croisade traverse l’histoire de l’Occident et ce thème occupe une place centrale dans les représentations géopolitiques du monde occidental d’une part, du monde musulman d’autre part. Pour aviver l’esprit de vengeance, Al-Qaida et la nébuleuse islamiste n’ont eu de cesse de dénoncer les « Juifs et les Croisés », désignant ainsi l’État hébreu et les puissances occidentales engagées sur les divers fronts du jihadisme.

Dans les sociétés occidentales, le terme de « croisade » n’est employé que sur le mode du déni et de la mauvaise conscience. Il s’agit de l’un de ces mots-parias qui font tomber dans le champ de l’infâme le locuteur non informé des mœurs aujourd’hui en vigueur.
Des « pèlerinages armés »

Le retour aux faits s’impose. Depuis la prédication du pape Urbain II à Clermont, le 27 novembre 1095, jusqu’à la mort de Saint Louis devant Tunis, le 25 août 1270, les croisades ont désigné les entreprises de reconquête de terres autrefois romaines et chrétiennes après plusieurs siècles de victoires du Jihad. Pourtant, il ne s’agit pas d’une sorte de « guerre sainte » chrétienne fonctionnant en miroir avec le Jihad et il est à noter que le terme de « croisade » apparaît tardivement, bien après que la première entreprise de ce type n’aboutisse à la prise de Jérusalem. L’homme du Moyen Âge parle plutôt de « voyage à Jérusalem », de « saint passage » ou encore de « pèlerinage armé ».

Cette forme supérieure de « guerre juste » procure indulgences et privilèges spirituels aux guerriers venus d’Occident pour combattre en Terre Sainte, mais la mort sur le champ de bataille ne confère pas d’emblée « lit en paradis». Les « peregrini » (les « pélerins ») doivent faire preuve d’esprit de pénitence et de modération. Soulignons enfin que si les croisades ont permis l’expansion territoriale, leur esprit est défensif.
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