La première course de la nouvelle Virgin-Cosworth MVR-02 en Australie dimanche dernier n'a pas rassuré l'équipe anglo-russe, et tout particulièrement l'ex-pilote Toyota, Timo Glock, qui a demandé son équipe de lui intégrer rapidement des développements sous peine de ne pouvoir participer à certaines courses, à cause de la règle restrictive des 107% instaurée cette saison par la FIA.
Si la monoplace était apparue en retrait lors des derniers essais hivernaux à Barcelone (Espagne), il n'y a malheureusement eu aucune surprise à Melbourne dimanche et plutôt confirmation de la position retardataire de l'équipe. Virgin va donc devoir se retrousser les manches pour combler son important retard : « Nous avons progressé dans le mode de fonctionnement de toute l'équipe. Le travail des mécaniciens et des ingénieurs est bien meilleur que l'année dernière. Mais du côté de la performance, de mon point de vue en tout cas, nous avons régressé. » a déclaré Glock. « Les autres écuries ont simplement réalisé un bond en avant, certes assez impressionnant, mais nous ne sommes clairement pas capables de progresser d'autant. Nous n'y croyions pas aux essais de pré-saison à Barcelone et il est à présent certain que nous ne sommes pas là où nous devrions être. L'équipe doit réfléchir à ces choses et procéder à des changements pour rattraper son retard. Nous ne pouvons pas continuer ainsi, ce n'est pas possible. »
Glock n'a ainsi pas caché qu'il craignait que son équipe subisse plus tard dans la saison le même sort que l'équipe Hispania, qui ne s'est pas qualifiée ce week-end et qui n'a donc pas pu participer à la course, à cause de la règle des 107%, qui empêche les monoplaces lentes de prendre la piste alors qu'elles pourraient éventuellement mettre en péril leurs concurrentes : « Sans aucun doute. À un moment, nous étions à 105% du meilleur tour chronométré, je crois donc que nous avons encore un peu de marge. Mais si les autres passent en pneus tendres et donnent le maximum dès la séance Q1, nous allons vraiment avoir des problèmes. »
« L'équilibre de la voiture n'est pas mauvais. Mais nous n'avons simplement pas assez d'appui et nous avons un retard de quatre à cinq secondes comme l'année dernière. C'est cela que les gens au sein de l'équipe doivent réaliser. » a expliqué l'allemand. Ainsi a-t-il concédé que le souci premier venait peut-être de l'approche globale de l'équipe, qui réalise son châssis à 100% par les moyens informatiques de la CFD (dynamique des fluides assistée par ordinateur) : « Nous devons y réfléchir, maintenant. Les autres équipes utilisent la CFD mais seulement en complément d'un travail important en soufflerie, ce que nous ne faisons pas. Nous devons y repenser sérieusement. »
L'autre principal problème de l'équipe Virgin-Cosworth viendrait également du manque de présence de son propriétaire, le gérant du groupe Virgin, Richard Branson. Glock avait en effet comparé il y a quelques semaines la présence de son employeur à celle du propriétaire du groupe Red Bull, Dietrich Mateschitz, au sein de l'équipe Red Bull-Renault : « Red Bull est en Formule 1 depuis quelques années et a toujours eu un bon niveau. Ils sont aujourd'hui les champions en titre. Je ne sais pas ce que Mateschitz a investi dans son écurie, mais pour nous, bien que le nom de Richard Branson soit attractif pour les sponsors, nous trouverions sympa de l'avoir plus avec nous. » avait déclaré Glock le 21 mars dernier. « Il a son plan. » avait-il rajouté sans plus de précisions en laissant planer les doutes et certaines rumeurs, qui verraient ainsi l'équipe arrivée en 2010 se faire racheter dans les toutes prochaines années voire les prochains mois.
En attendant, l'allemand a promis qu'il n'abandonnerait pas son équipe dans cette situation, malgré qu'il ait connu des périodes plus brillantes, notamment en 2009 chez Toyota. Quand on lui a demandé s'il était possible qu'il quitte Virgin en cas de performances trop décevantes, il a répondu qu'il n'en avait pas l'intention pour le moment et qu'au contraire il préférait rester optimiste : « Ce n'est pas la question. Et si vous voulez vraiment une réponse, il est évident qu'on ne quitte pas le navire à un moment aussi crucial. Mais je suis certain que nous allons progresser et nous améliorer prochainement. » L'équipe a en effet annoncé tout dernièrement qu'elle prévoyait de grosses évolutions pour le GP de Turquie dans un mois, qui lui procureraient ainsi un gain de deux secondes au tour. Glock ne demande plus qu'à essayer, et nous à voir !