Par Julie Cadilhac-Bscnews.fr/ Si on sait que William shakespeare est un maître des situations cocasses et des dialogues qui rebondissent et n'en finissent pas de briller d'audace et de virtuosité, on constate toujours pourtant avec ravissement combien sa parole est profondément contemporaine. La comédie des erreurs, l'histoire de deux paires de frères jumeaux séparés à la naissance par une tempête funeste, est un petit chef de virtuosité comique: quiproquos, gestuelle, bons mots, caractères truculents contribuent à donner aux spectateurs de multiples occasions d'éclater de rire. Une intrigue écrite en 1593 à laquelle Dan Jemmett a ajouté un grain de folie moderne et d'excellents comédiens!
Ne pas lésinons donc pas sur les compliments: cette mise en scène de la Comédie des Erreurs offre un divertissant spectacle et les rappels enthousiastes du public de ce mardi 29 mars 2011 l'ont confirmé. Voilà une adaptation qui respecte l'esprit et le mot du dramaturge tout en se permettant des licences délicieuses! Le décor, tout d'abord, ne manque pas d'ingéniosité et Shakespeare, en digne anglo-saxon qui ne dédaignait pas les haltes au pub, aurait sans doute apprécié le clin d'oeil , sur le plateau, des distributeurs de bière qui coulent à flots et des portes des maisons représentées par celles de sanitaires de chantiers où l'on va se soulager souvent du trop plein d'émotion. La mise en scène décalée, ensuite, mêle l'ancien et le moderne avec beaucoup de finesse et de drôlerie. Les protagonistes endossent des tenues un rien excentriques et se revêtent d'humour british et d'une énergie décapante. Leur gestuelle porte tous les stigmates de la Commedia dell'arte : exagération des mimiques, mimes des situations évoquées etc...et le sens visuel évident de cette mise en scène a convoqué , pour parfaire la farce que joue le destin à ces frères séparés, un escadron des procédés comiques les plus efficaces de tous les grands répertoires théâtraux. En bref, Dan Jemmet respecte l'univers shakespearien sur un mode décalé qui rafraîchit!
Applaudissons pour terminer la prestation des comédiens. Vincent Berger et David Ayala s'exécutent en métamorphoses impressionnantes lorsqu'ils jouent tour à tour l'un des deux jumeaux séparés. La scène finale des retrouvailles est d'ailleurs un beau moment théâtral durant laquelle sur une ligne de cinq visages s'entrecroisent les sourires candides de Dromio de Syracuse, la moue rebelle de Dromio de d'Ephèse, la préciosité d'Antipholus, la bonhommie d'Antilope, la pétillance de Luciana ( Fany Mary), la vieillisse émue d'Egéon, les illuminations de l'Abesse, la provocation sensuelle de l'entraîneuse, la naïveté amoureuse d'adriana etc...et puis, oui, en vrac, un grand bravo aux crises de nerfs désopilantes d'Adriana ( Valérie Crouzet), à la droiture impassible du juge ( Thierry Bosc) qui détone avec l'atmosphère déjantée qui règne sur le plateau et de façon générale au travail de prononciation de chaque acteur qui confère à chaque personnage une couleur très spécifique. Cette comédie des erreurs est à voir absolument! Une pièce qui vous désaltère de rire même si, supplice de Tantale! ,quand vous en sortez, inspiré par les dizaines de verres déglutis sous vos yeux, vous n'aspirez qu'à vider quelques bocks dans une bonne taverne assurément!
Crédit-photo: Mario Del Curto
Titre: La Comédie des Erreurs
Auteur: Shakespeare
Adaptation et mise en scène: Dan Jemmet
Traduction, assistante à la mise en scène: Mériam Korichi
Scénographie et accessoires: Dick Bird
Lumière: Arnaud Jung
Son: François Planson
Costumes: Sylvie Martin Hyszka
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