Woodkid sera sans aucun doute la première surprise de cette année 2011. Une apparition aussi douce qu’inattendue : loin des buzz fabriqués, des arrivées en fanfare, le jeune français exilé à Los Angeles, 28 ans, se présente avec un premier EP à la beauté brute, Iron. Woodkid, c’est Yoann Lemoine, 28 ans, connu jusqu’ici pour une carrière de clippeur sans faute (Yelle, Moby et dernièrement Katy Perry pour « Teenage Dream »).
La légende dit que sur un tournage aux Etats Unis, Woodkid a reçu des mains du grand guitariste américain Richie Havens un banjo accordé qui le propulsa immédiatement du piano – qu’il a étudié au conservatoire – aux instruments à corde. Woodkid, sans délaisser le clip (ni le cinéma, qui fait partie de ses projets) aurait alors décidé de se consacrer encore plus à la musique. Il publie aujourd’hui ce premier essai bouleversant, qui devrait très vite l’installer parmi les grands espoirs de la musique à venir. Woodkid est projet artistique d’ensemble que Yoann Lemoine conçoit comme un tout , et dont il soignera tous les aspects : musique comme image (Yoann Lemoine a d’ailleurs réalisé lui-même le clip d’Iron, dans lequel apparaît le célèbre Top Model Agyness Deyn, devenue sa première fan).
En quatre titres (plus deux remixes d’ Iron signés par les anglais de Mystery Jets et Gucci Vump, le duo formé par Brodinski et Guillaume Brière des Shoes), Iron fixe un artiste rare, à la sensibilité foudroyante. Ouvert par l’éponyme Iron, véritable épopée pop aux puissantes montées symphoniques, ce premier EP de Woodkid (produit par Woodkid, Julien Delfaud, et un autre Shoes, Benjamin Lebeau) annonce immédiatement les influences du jeune homme. Il a bien sûr l’ombre très bien portée d’Antony and The Johnsons (comme Antony, Woodkid possède une voix à faire lever le poil le plus dru), que viennent également traverser de jolies influences folk new-yorkaises (« my heart belongs to Brooklyn » chante Woodkid sur le deuxième morceau du disque) et une fulgurance mélodique qui laisse plus qu’entrevoir le talent de songwriting de Lemoine (que l’on pourrait situer quelque part entre Neil Hannon et Bonnie Prince Billy).
Il y a chez Woodkid la grâce des projets fragiles comme la luminosité des entreprises au long cours. Avec Iron, on découvre un univers protéiforme, des intentions multiples. En quatre chansons originales, qui s’écrivent autant à la guitare qu’au piano, Woodkid grave dans le marbre comme il sculpte la modernité, avec une aisance parfois déconcertante. On assiste presque en temps réel à la réalisation du portrait d’un jeune homme en artiste ; on reçoit au fur et à mesure des morceaux une claque esthétique évidente. Même sur une distance relativement courte, Woodkid parvient à marquer les esprits comme peu l’ont fait avant lui. Iron, Brooklyn, Baltimore’s Fireflies et Wasteland deviennent en effet au bout de quelques écoutes seulement des titres compagnons qui ne laissent qu’espérer la suite des évènements. Woodkid travaille actuellement sur son album sur lequel figureront de surprenantes collaborations…