Iny LORENTZ – La fille de la catin (tome 4) : 7/10
(pas encore disponible en français. Ma traduction du titre original « Die Tochter der Wanderhure » est littérale mais assez prévisible pour que je la laisse)
Ce quatrième tome nous amène encore une fois dans la famille de Marie et Michel. Douze ans se sont écoulés et la propriété du chevalier auf Kibitzstein est florissante, son pouvoir s’étend loin et il gère sa propriété avec intelligence.
Lui-même ainsi que Marie ont vieillis, ainsi que leurs amis, mais ils restent toujours aussi courageux et forts.
La fille ainée de l’ancienne catin et de son époux, Trudi, est désormais une jeune fille, adulte et amoureuse : son cœur appartient au jeune Georg von Gessingen et elle ne pense qu’à l’épouser.
Seulement, elle ignore que ce même Georg von Gessingen n’a des yeux que pour sa dot et ne s’intéresse guère à sa propre personne.
Lors d’une promenade, Georg la fait boire un peu trop, lui vole sa virginité mais lui promet de demander, le même jour, sa main à Michel. A cet instant, Georg y croit, puisqu’il n’a séduit la jeune femme que dans l’optique de vaincre les derniers obstacles et de contraindre les parents de Trudi d’accepter leur union - et d'accéder ainsi à la richesse.
Or, les vents politiques changent vite et au retour au château Georg n’aura pas l’occasion d’honorer sa promesse, et par la suite il ne le souhaite plus : une réunion entre les grands personnages des environs a mal tourné, et son oncle l’incite à quitter en sa compagnie les lieux sans tarder en le convaincant que le moment est mal choisi pour se lier à Kibitzstein. Georg pourra trouver une meilleure épouse avec plus d’influence et plus d’avenir plus loin.
Trudi attendra en vain son retour.
Car effectivement, les pouvoirs changent de main et les complots entre les grands personnages deviennent menaçants.
En douze ans, les puissances ont bien changé : l’empereur est mort depuis longtemps, et seul reste le roi Friedrich IIIème qui vit dans le lointain Graz en Autriche et dont l’influence a largement diminuée.
C’est ainsi que les chevaliers de l’empire libres, tels que Michel Adler, doivent craindre pour leurs prérogatives et droits, voire même pour leurs propriétés et dépendances.
La menace vient de toutes parts et en particulier du prince-évêque de Würzburg, qui exige désormais certaines taxes et leur soumission (veuillez me pardonner si ma traduction n’est pas parfaitement conforme, n’étant pas versée dans de cette période médiévale j’ignore les termes précis. Le mot allemand est : Fürstbischof, que j’ai donc traduit par « prince-évêque ». N’hésitez pas à me corriger si tel n’est pas le terme adéquat).
Certains voisins de Kibitzstein et d’autres nobles jaloux du prospère Michel Adler s’unissent donc dans un complot contre ce dernier, se ralliant au prince-évêque, et ils espèrent ainsi voir son influence diminuer et ses propriétés redistribuées à leur profit.
Dans un climat bien difficile a lieu un mariage noble qui sera alors l’occasion pour chaque faction de tenter de nouer de nouvelles alliances et de s’assurer de ses amis.
Lors de cette fête, un évènement terrible et tragique rendra l’avenir bien sombre pour nos amis.
Trudi pense être la seule à pouvoir agir et se prépare donc à un long voyage, dans le secret le plus absolu.
Alors :
Dans ce quatrième tome, nous ne quittons pas les régions germaniques, mais les intrigues des nobles et chevaliers, le délicat équilibre de pouvoirs, la lutte entre les influents, tout cela en fait un livre tout aussi aventureux que les trois premiers tomes.
Nous retrouvons avec un grand plaisir tous les protagonistes des précédents volumes, mais c’est bien Trudi et son amour aveugle pour le chevalier Georg von Gressingen qui sont au centre de l’histoire.
Nous suivons la jeune femme dans ses péripéties et si nous admirons d’un coté son courage intrépide, nous ne pouvons que secouer la tête devant son aveuglement face à Georg, qui est de fait un allié de ses ennemies et qui, dès les premières pages du livre, a décidé que jamais il n’épousera la jeune Trudi.
La fille immature grandit et se heurte à ses propres sentiments et sa propre obstination.
Donc, un volume tout aussi palpitant que les précédents, on tourne les pages avec un plaisir identique, et l’attachement à la jeune fille est le même que l’on a ressenti pour Marie.
Pourtant, les deux femmes se distinguent : Trudi est bien plus tête brûlée que ne l’était sa mère et n’a pas la beauté resplendissante de cette dernière, mais elle est en même temps encore plus intrépide et surtout bien plus sûre d’elle.
On retrouve l’essence même des livres : des aventures, des batailles, des personnages combatifs, des méchants très méchants, des gentils très gentils…
Cette-fois, néanmoins, les intrigues ne touchent plus seulement une ou deux personnes, mais toute la famille et son entourage ; l’intrigue elle-même confère donc une teinte différente au roman et on s’interroge sur le moyen qu’ils trouveront pour sortir de l’impasse et sauver leurs biens.
Et devinez : on retrouve les mêmes hasards absolument incroyables ! Je crois que c’est même pire que le tome deux et la rencontre entre Marie et Michi en Bohème. Mais comme on s’y prépare dès qu’on ouvre un livre de cette série, on fait avec.
Bref, encore une fois, les coïncidences rendent l’intrigue un peu trop simpliste, et, encore une fois, la fin trouve un apaisement trop soudain.
Néanmoins, je ne peux que m’émerveiller devant la constance de la saga : ceci est le quatrième volume, et pourtant il reprend dans le même ton que les précédents livres, à la seule différence que nous suivons la jeune Trudi dans ses aventures et non pas sa mère.
J’ai particulièrement apprécié de pouvoir me plonger dans les difficiles luttes de pouvoir. Malgré le fait que je sois très très loin d’être une initiée, j’ai pu suivre avec un réel plaisir l’histoire et je dois reconnaître que même les nobles de l’époque devaient être d’une prudence extrême et surveiller chaque parole prononcée tout en se méfiant même de ceux qu’ils croyaient leurs amis. Car une parole d’un plus puissant pouvait décider le voisin à se retourner contre son ami d’hier, que ce soit par avidité ou par peur.
Donc, si vous avez aimé les trois premiers tomes, ne ratez surtout pas ce quatrième tome, qui reprend les ingrédients classiques de la saga pour les redistribuer autrement.
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