Protection animale
Une proposition de loi « visant à limiter la production de provenant d'animaux abattus sans étourdissement aux strictes nécessités prévues par la réglementation européenne » a été déposée en première lecture par le sénateur Nicolas About, le 15 septembre.
Visiblement, le développement des marchés de niche de la viande halal et casher remet en question la problématique du bien être animal lors de l'abattage.
L'exception devient la règle
Nicolas About explique que « bien que l'abattage sans étourdissement ne soit autorisé en France qu'à titre dérogatoire, il apparaît aujourd'hui que l'exception devienne une règle générale. »
La raison de ce développement est purement « économique ».
Cette « généralisation de l'abattage sans étourdissement permet aux abattoirs d'accéder à de nouveaux marchés, celui de la viande casher et halal, de plus en plus lucratifs, tout en écoulant les invendus sur le marché classique. »
Le sénateur demande donc la mise en place d'un quota d'abattage sans étourdissement par l'abattoir, l'étiquetage obligatoire des viandes (viande provenant d'animaux abattus après/sans étourdissement) et la mise en place de sanctions pénales et économiques pour les abattoirs ne respectant pas la loi.
Selon une enquête menée en 2007 par la Direction générale de l'alimentation, 12% des bovins, 13% des veaux et 49% des ovins-caprins seraient abattus sans étourdissement, selon les rites musulmans et israélites.
Sur un échantillon plus restreint (225 établissements d'abattage) l'œuvre d'assistance aux bêtes d'abattoirs (OABA), présidée par notre confrère Jean Pierre Kieffer, était parvenue, à la suite d'une enquête menée sur la même période, à des pourcentages plus importants : 28% pour les bovins, 43% pour les veaux et 62% pour les ovins-caprins.
72% des français contre la dérogation à l'obligation d'étourdissement
Un sondage Ifop, réalisé du 8 au 10 décembre 2009 sur un échantillon de 1015 personnes, représentatif de la population française, a révélé que 72% des sondés désapprouvaient la dérogation à l'obligation d'étourdissement des animaux avant leur abattage et que 16% ne se prononçaient pas par manque d'information.
« Le gouvernement ne semble pas vouloir remédier à cette tromperie qui constitue une grave violation de la liberté de conscience de concitoyens, garantie par les dispositions de l'article 9-2 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l'Homme et des libertés fondamentales. En effet, le 6 septembre 2010, le ministre de l'Intérieur déclarait publiquement vouloir s'opposer à toute réglementation européenne imposant l'étiquetage du mode d'abattage de la viande commercialisée », explique Jean Pierre Kieffer.
Onze OPA se regroupent
Notre confrère dénonce cette tromperie du consommateur et cette dérive de l'abattage rituel pour des raisons économiques : « Nous ne pouvons plus accepter de voir se banaliser une pratique cruelle qui ne relève de l'exception mais tend à se généraliser pour tout type d'abattage, tout réseau de distribution, alors que les réglementations nationales et européennes imposent, depuis plus de 40 ans, que les animaux soient étourdis avant d'être égorgés ».
Onze organisations nationales de protection animale ont décidé de créer un Groupement d'information des consommateurs sur la réalité des pratiques d'abattage des animaux en France. Le consommateur pourra ainsi faire un choix éclairé.