Vendredi 28 mars, ils étaient entre 4 000, selon la police, et 10 000, selon les organisateurs de la manifestation, à arpenter les artères principales de Bamako, la capitale du Mali, au rythme de slogans anti-Sarkozy et anti-occidentaux.
Une marche organisée par plusieurs associations, la plupart islamiques, rassemblées au sein d’une "coalition de soutien à la grande Jamahiriya libyenne contre l’agression occidentale". L’objectif était de montrer la solidarité du peuple malien au guide de la révolution libyenne dont l’armée doit actuellement faire face à l’opération militaire "l’aube de l’odyssée" commandée pour l'heure par la coalition internationale
Le Mali et la Libye entretiennent des relations économiques étroites depuis plusieurs années. Des projets agricoles et touristiques financés par le pays pétrolier sont notamment en cours. La société libyenne Malibya exploite par exemple 100 000 hectares de terres dans ce pays.
Le guide libyen a par ailleurs financé un centre culturel islamique à Bamako, ainsi que la rénovation intégrale de la mosquée de Ségou en 2009, au travers de l’Association mondiale de l’appel islamique.
Kla Ghonough est un webmaster étranger. Il vit à Bamako depuis 11 ans et a participé à la manifestation.
Plusieurs associations ont organisé ce rassemblement sur Twitter et Facebook. Nous voulions montrer aux chefs d’Etats africains, mais aussi occidentaux, que l’Afrique est un continent mature qui n’a pas besoin de l’ingérence des pays étrangers. La France a décidé d’aider une rébellion contre un gouvernement légitime et je suis contre cette intervention.
Ici, nous considérons Kadhafi comme un Malien car il nous aime comme un frère. Il a fait énormément de choses pour le Mali. Depuis que je suis arrivé, plusieurs grands chantiers de construction, et notamment des hôtels, ont été financés par le gouvernement libyen. Tous ces projets sont bénéfiques pour nous car ils créent des emplois. Cet homme ne nous a jamais laissés tomber. C’est à nous aujourd’hui de lui montrer notre reconnaissance. "
Amadou G. habite à Bamako.
La manifestation est partie de la place de l’Indépendance pour finir devant l’ambassade de France. J’y suis allé pour filmer avec mon téléphone, mais pas en tant que manifestant. À la tête de ce mouvement, il y avait deux grandes figures du mouvement islamique local, l’imam Cherif Ousmane Madani Haidara et Mohamadou Dicko, le président du Haut conseil islamique du Mali.
J’ai été très choqué par les slogans des manifestants : des insultes contre Sarkozy et Obama, avec un vocabulaire très vulgaire. Après cette manifestation, je crains pour la sécurité des diplomates occidentaux au Mali. Ici, une grande partie des musulmans est persuadée que la France fait la guerre à l'islam et ils se disent prêts à riposter contre les Français présents sur notre territoire.
Et malheureusement cette marche donne une bonne opportunité à Al Qaïda au Maghreb islamique - Aqmi - de recruter des jeunes très mal informés sur ce qui se passe en Libye. Pourtant, selon moi, il était absolument nécessaire d’employer la force des armes pour tenter d’arrêter ce dictateur sanguinaire."
par France24