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Séisme, nucléaire, une voix japonaise, 1

Par Thomas Bertrand

J'espère qu'il y en aura d'autre. Alors voici ce que nous dit Keiko, 35 ans, réside à Kobe. Travaille en freelance comme webdesigner et fait de la vente en ligne du Japon pour francophones. Questions posées et répondues ce 30 mars 2011.

-Peux-tu me raconter ton 11 mars, lorsque le tremblement de terre est arrivé ?

Je ne l'ai su que 3 heures après car je me reposais à ce moment (Keiko est enceinte). C'est par Twitter que j'ai su que quelque chose s'était passé. Puis j'ai regardé la télé et n'en croyais pas mes yeux. Je ne pouvais imaginer que cela soit réel. 

-Depuis le 11 mars, comment te sens-tu ?

Tous les jours, les informations me rendent à la fois triste, nerveuse et en colère. Au départ, c'était juste de la tristesse, le choc de l'événement. A Kobé, il y a eu un grand tremblement de terre en 1995 et 6000 victimes. Cette fois-ci, les images étaient pires, comme un fillm Hollywoodien. Tous mes amis se demandaient sur Twitter ce que l'on pouvait faire pour aider. Bien sûr, j'étais aussi inquiète des explosions à la centrale nucléaire. Inquiète aussi pour ma soeur qui habite à Tokyo.

Maintenant, je suis en colère tous les jours car je pense que le gouvernement et TEPCO cachent ce qui se passe. Et les médias de masse ne font pas ressortir les informations qu'ils devraient.

-Comment fais-tu pour suivre les informations si tu dis ne pas faire confiance aux médias classiques ?

Au départ, si je regardais la télé et internet, maintenant, c'est surtout internet et sur twitter que je m'informe. Certains journalistes veulent faire sortir des vérités pas bonne à dire comme Takashi Uesugi. Il y a des infos incroyables comme celle sortie le 27 mars : TEPCO aurait payé 500 millions de Yen (plus de 4 millions d'euros) l'Université de Tokyo pour que leurs spécialistes en radioactivité ne donnent pas de conclusions alarmistes. 

Mais il y a tellement d'informations, on ne sait plus ce qui est vrai. Par contre, je ne crois plus du tout ce que nous dit le Gouvernement et TEPCO.

-Penses-tu que quelque chose va changer après ce drame ?

Avant le 11 mars, on savait que quelque chose n'allait pas avec le Système au Japon. Il y avait déjà beaucoup de problèmes. Par exemple avec la compagnie aérienne JAL qui bénéficie de connexions et protections au sommet de l'Etat ou bien le système des retraites...

Mais jamais nous avons dit "non, stop !". On nous a tellement dit qu'il était meilleur d'être uni, de respecter les autres, pour la majorité, de ne pas nous battre pour notre propre opinion.

Comme tu le sais, on ne parle pas beaucoup politique entre amis ou dans la famille au Japon. On ne s'y intéresse pas car on se sent impuissant et le gouvernement fait ce qui lui plaît finalement.

Après le 11 mars, on a compris notre responsabilité dans une telle situation. Nous avons compris que les médias classiques nous rendent aveugles et font que le pays obéit au système qui permet seulement à une élite d'en profiter. On a enfin vu clairement que le gouvernement ment, que les grandes compagnies mentent. Ils ne protègent pas la nation.

Donc, si on ne pense pas à ce qui se passe dans la société et que l'on ne change pas notre attitude pour faire plus entendre notre voix, on ne changera jamais.

Je crois que quelque chose va changer. Sinon, le Japon mourra. 

Keiko a encore d'autres choses à dire. Peut-être cela fera l'objet d'un autre post. En attendant, je prépare d'autres petits questionnaires de ce genre.


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