D’où je suis la vue plongeante sur la scène me procure le vertige. Les lignes de vagues qui ondulent sur le rideau de fer me donnent le tournis. L’orchestre démarre sur un po
Sur scène, les copines de Sophie s’émeuvent de la santé morale de Donna. Elles supposent que le mariage de la jeune fille doit « lui faire péter un plomb », excusez l’expression. Je me sens curieusement très proche de cette maman et je me dis que si ce n’était pas pour faire plaisir à une amie fan de comédie musicale je ne me serais jamais aventurée à Mogador.
A Mogador c'est Claire Guyot qui endosse le rôle et qui assure à 100%. Le travail du traducteur est à saluer parce que le texte français est tout à fait intelligent. Les voix sont excellentes. le décor fonctionne bien. Les costumes sont colorés. On les croirait importés d'un dressing des années 70.
Bref, vous aurez compris que je suis ressortie guillerette du spectacle qui a le mérite de fédérer la satisfaction de tous les âges du public. Certes, l'intrigue est mince : une jeune fille a lu le journal intime (ah la vilaine) de sa mère tenait avant sa naissance (fallait pas le laisser trainer). Elle a compris qu'elle a potentiellement trois pères (sa mère fut une grande amoureuse, mais elle s'est bien calmée depuis) et les a invités tous à son mariage (va y avoir du grabuge) qu'elle va célébrer en grandes pompes (c'est qu'elle est très fleur bleue).
Tout va par trois à tous les âges. Donna a une paire de copines dont le jeu est formidable (Marion Posta et Karen Gluck). Sophie n'est pas en reste. Coté masculin il y a trois papas, et le financé a bien entendu deux copains d'enfance.
Cela commence comme une tragédie grecque dans un décor paradisiaque et insulaire baignant dans le turquoise. Cela se poursuit comme un vaudeville avec moult rebondissements. Cela se termine comme une pièce classique, avec l'union-surprise de la fautive (la mère) alors que la fille renonce à "cette sottise de mariage". Marivaux n'aurait pas fait mieux.
La comédie est alerte. Les tubes s'enchainent avec plusieurs titres en bonus aux rappels qui s'achèvent avec Waterloo.
Mamma Mia de Benny Andersson et Björn Ulvaeus, mise en scène de Phyllida Lloyd (Théâtre Mogador)
http://www.mamma-mia.fr/