Lukas Stella, mars 2011
En japonais, "fukushima" se traduit par "l'ile du bonheur", c'est aujourd'hui "le meilleur des mondes".
Il n'y a pas que l'explosion des enceintes autour des réacteurs qui maintenant nous menace, mais aussi l'instabilité des "piscines à combustibles" qui contiennent plus de 100 tonnes de matériel nucléaire, notamment du MOX hautement toxique.
Aujourd'hui ce sont plusieurs réacteurs nucléaires qui ont probablement commencé leur entrée en fusion. Aucune technologie ne peut interrompre ou atténuer sérieusement ce phénomène incontrôlable. La fusion du combustible, à une température proche de 2000°, va se transformer en lave et transpercer la cuve en acier puis traverser les fondations en béton avant de se refroidir un petit peu en profondeur. Ensuite, pendant plusieurs centaines d'années, l'endroit sera la "source radioactive", la plus active de la planète. De cette activité radioactive livrée à elle-même va se dégager en permanence des éléments radioactifs dans l'air au dessus des réacteurs qui auront fondu.
La forte radioactivité qui se répand dans l'environnement au Japon, entraînée par les vents des hautes altitudes, va inévitablement contaminer toute la planète pour une longue période dont on ne sait pas grand chose. Les particules radioactives vont se diluer dans les masses d'air, puis retomber progressivement. Quand il s'agit de longues périodes de contamination, la dilution ne veut plus dire diminution du risque. Les particules radioactives, bien que diluées dans la masse, ne perdent en aucun cas leur potentiel hautement radioactif, et ceci pour des dizaines, voire des centaines d'années. Le processus nucléaire en cours va durer, et des éléments radioactifs vont se répandre continuellement dans l'environnement, contaminant pour une longue période le monde entier, accumulant, jour après jour, faibles doses sur faibles doses...
D'après la CRIIRAD, la pluie tombée du 27 au 28 mars a provoqué un dépôt au sol de 8,5 Bq/m2 d'iode 131. La contamination va se prolonger et probablement augmenter, et dans quinze jours on pourrait atteindre plusieurs centaines de Bq/m2, voir quelques milliers, et avec le temps parvenir à des niveaux comparables à la contamination du nuage de Tchernobyl.
Les très faibles niveaux de contamination vont progressivement augmenter et s'additionner aux cours des jours, puis se concentrer dans les végétaux, les légumes, les céréales, et enfin s'accumuler dans les animaux, c'est à dire la viande, le lait, les œufs, les poissons... Petit à petit, ce sera toute notre nourriture qui sera quelque peu, mais de plus en plus contaminée.
La centralisation de l'énergie nucléaire aux mains de quelques milliardaires obsédés par le risque et le gain facile ne pouvait que dégénérer. Ces affairistes mafieux empoisonnent la vie des populations jusqu'à menacer les conditions même de leur survie.
Les pouvoirs s'accaparent et manipulent les chiffres de la contamination pour protéger les intérêts des actionnaires et des financiers, mais l'imposture se fige dans leur réalité qui ne peut fonctionner qu'en exploitant et dénaturant la vie. Les cancers et les leucémies vont irrémédiablement se répandre et se multiplier. Le massacre de la nature même de la vie ne pourra plus durer très longtemps. Lorsque la barbarie des accapareurs de choses marchandes dissémine un peu partout la mort à petites doses, l'instinct de survie émerge de nulle-part, et la violence de la vie à réinventer ne peut que submerger la violence destructrice d'un monde en perdition.