«Aujourd’hui, la relève n’a pas besoin de faire les mêmes erreurs que ses prédécesseurs parce que les meilleures pratiques industrielles et commerciales sont connues. Les processus de gestion de la Nature aussi.», affirme Lawrence Poole, conférencier international, chroniqueur et consultant en formation heuristique.
En 1977, le conférencier a été victime d’un accident de voiture qui a transformé sa vie. Après 6 semaines aux soins intensifs et 11 mois d’hospitalisation, il a décidé de profiter à plein de la vie. Il a parcouru les forêts et les sites naturels pour constater rapidement les bienfaits que lui apportent ses escapades. Il a entre autres remarqué un lien entre la créativité et la Nature. Il enseigne depuis comment ces deux éléments peuvent être mis à contribution dans le monde des affaires.
Lawrence Poole est sans nul doute le seul chercheur qui parcourt les jungles en fauteuil roulant! Depuis plus de 30 ans, cet homme énergique et passionné étudie les lois de la Nature et explore les écosystèmes les plus diversifiés de la planète. De ses recherches, il tire d’importantes conclusions qu’il traduit en pratiques d’affaires performantes. - Source : Orizon, bureau de conférenciers
Kim Auclair : Selon vous, en quoi la Nature peut rendre l’entrepreneur plus créatif ?
Lawrence Poole: Comme entrepreneur, il y a plusieurs façons de voir comment la Nature peut concrètement nous être bénéfique. L’une d’elles est à travers ses modèles de gestion. Depuis quelques années, j’anime une conférence intitulée «4.5 milliards d’années de succès» qui explique l’évolution comme un processus qui favorise les leaders créatifs. La sagesse tirée des sciences naturelles démontre que seule l’adaptation créative face aux exigences du changement peut garantir la survie. Pour l’entrepreneur, cela identifie l’innovation comme la clef de la survie. Si on n’évolue pas, on est voué à l’oubli.
Une autre façon dont on peut profiter de la Nature est au niveau de ses stratégies d’exploitation. Par définition, la Nature est indivisible de ses composantes et elle se gère comme un ensemble. Dans ce contexte, puisque la Biosphère elle-même est unifiée, diversifiée et interdépendante, le développement durable et la protection de notre environnement requièrent l’émulation de la stratégie de gestion fondamentale dans la Nature : « l’altruisme-égoïste ». Or, puisqu’il y va de l’intérêt des membres de chaque espèce donner le meilleur d’eux pour assurer leur survie et leur évolution, ils démontrent plutôt une ténacité et une créativité surprenantes. Innovateurs et capables de faire des choix, ils coopèrent entre eux, créent des alliances stratégiques avec d’autres espèces, pratiquent synergie et mutualisme, et arrivent parfois à transformer leur apparence physique et leur comportement stratégique de manière spectaculaire.
La Nature ne joue pas aux favoris. Toutes les espèces qui cohabitent avec nous dans l’écosystème global sont des survivantes, et chacune a une stratégie d’adaptation efficace. À nous de comprendre et d’en profiter…
La Nature a également une fonction thérapeutique : Imaginez les bienfaits sur l’oxygénation du corps d’une marche sur le toit du monde à 3000 mètres d’altitude ou l’effet relaxant d’une douce brise sur une plage tropicale. On trouve 60,000 fois plus d’ions négatifs derrière une cascade en forêt que dans un bureau illuminé par des fluorescents. Ce sont ces ions négatifs qui nous donnent le sentiment de fraîcheur et de renouveau après un orage électrique.
Pour l’entrepreneur, cela suggère l’importance d’un environnement de travail le plus sain possible puisque les décisions qui reposent sur le stress et la fatigue ne sont pas aussi créatives que celles qui s’appuient sur un état de bien-être général.
KA: Dans une récente entrevue accordée au Canal Argent, Mario Girard, ex-P.D.G de la Fondation de l’Entrepreneurship, explique qu’il existe un problème de relève entrepreneuriale au Québec. De votre côté, vous dites que l’entreprise qui utilise votre approche en retire plusieurs avantages entre autres préparer adéquatement la relève.
Comment la Nature et la créativité peuvent permettre à préparer adéquatement la relève entrepreneuriale ?
LP: L’approche créative élargit l’inventaire des options et des choix. Sans choix, nous sommes par défaut réactifs aux circonstances et aux événements de la vie. Cependant, si nous exerçons notre capacité de choisir, nous pouvons être proactifs et même créatifs.
Spécialisés dans la formation « heuristique », qui signifie « la découverte par soi-même », nous amenons les gens à expérimenter une panoplie d’outils et de gabarits de pensée stratégique. Comment avoir une bonne idée ? Avoir beaucoup d’idées et jeter les mauvaises. Une fois outillé avec le savoir-faire, n’importe qui peut augmenter ses options et ses choix. Même si on est limité en terme de ressources personnelles, un remue-méninge avec un petit groupe augmente le niveau de créativité et fait émerger des options là où il n’y en avait pas au départ.
Aujourd’hui, la relève n’a pas besoin de faire les mêmes erreurs que ses prédécesseurs parce que les meilleures pratiques industrielles et commerciales sont connues. Les processus de gestion de la Nature aussi.
Dans un monde qui change à la vitesse de la connaissance, une simple recherche Internet nous permet de facilement accéder au « savoir-faire ». Par contre, ce qui manque souvent à l’équation, c’est le « vouloir-faire ». C’est là que nous nous distinguons de la compétition, car nos interventions s’adressent aux deux. Pour aider les leaders à passer à l’action, nous transmettons le « savoir-faire » et stimulons le « vouloir-faire ».
Il faut savoir qu’il est très difficile de soudainement devenir créatif si on n’a pas les outils (savoir-faire), et on ne peut pas vouloir, si on ne sait pas comment faire.
KA: Quels sont vos conseils pour les entrepreneurs qui souhaitent développer leur créativité ?
LP: La compréhension SUIT l’expérience. Il faut oser. Il faut savoir comment gérer le risque. Ainsi, j’enseigne 5 rôles aux gens qui veulent apprivoiser leur créativité. En premier lieu, je leur enseigne a devenir Pourchasseur d’informations. (Va chercher les outils) et ensuite à devenir Rêveur de possibilités. (Ayant expérimenté ces outils, j’en tire quoi ? Où, quand et comment peuvent-ils m’aider ?) Le 3ième rôle est Clairvoyant d’opportunités (D’une perspective créative, avec beaucoup d’idées et différentes options, qu’elles sont les meilleures, les plus rentables, les plus altruistes, etc.).
S’ensuit le rôle de Leader en action. Puisque la compréhension SUIT l’expérience, on doit agir pour comprendre et ajuster. Une fois que la meilleure idée se fait valoir, il faut devenir un Communicateur persuasif car les autres n’auront pas fait le cheminement pour arriver à ses conclusions. Aux entrepreneurs je suggère: Pratiquez ces 5 rôles et vous verrez votre esprit créatif se développer… naturellement.
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