Arnaud Montebourg réitère ses attaques contre le président sortant socialiste du conseil général des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guérini, estimant que sa destitution constituerait un “remède anti-FN"
de choc”. Il a du courage, du cran et surtout de la constance. Son combat actuel ressemble à celui entrepris il y a des années contre les mauvais états d'âme d'un certain... J. Chirac! Il y met du coeur et j'apprécie ces remontées de bretelles sur les valeurs, ces dénonciations de pratiques délictueuses.
Après un rapport au vitriol contre la fédération PS des Bouches-du-Rhône et son patron Jean-Noël Guérini, Montebourg assure détenir les preuves de ses accusations. Le secrétaire national du PS à la rénovation n'est pas tendre non plus avec le Premier secrétaire du parti, Martine Aubry. Il lui demande d'agir et de ne pas considérer les excès marseillais comme naturels car évidemment "marseillais"... et qu'à Marseile tout serait ainsi comme tout un chacun se fait une raison à la Pagnol des pratiques mafieuses forcément naturelles du côté Vieux Port!
Je reproduis ici son interview à la Provence d'hier, mardi 29 Mars. C'est instructif et surtout c'est l'écho d'une voix propre qui ne confond pas socialisme à carambouilles. Surtout que l'on a pu voir parfois s'égarer bien au de^à des Bouches du Rhône des pratiques de gestion intimidatives issues d'un héritage militant dans la fédé 13.
- Jean-Noël Guérini va quitter la présidence de la fédération PS des Bouches-du-Rhône et semble renforcé au sortir des cantonales. Comptez-vous poursuivre votre action ?
Arnaud Montebourg : Il n'y a nulle victoire à voir un FN aux portes du pouvoir avec des scores approchant les 48% des voix au second tour. Pendant les cantonales, j'ai préféré garder le plus
possible le silence pour ne pas gêner la campagne. Mon devoir de secrétaire national à la rénovation est de reprendre la parole. Pour comprendre la genèse du rapport, il faut mesurer à quel point
nombre de militants socialistes marseillais, lors d'une visite en juin, m'ont supplié d'alerter Martine Aubry sur des pratiques qui n'ont rien à voir
avec l'idéal socialiste, ni le respect de la loirépublicaine.
- Pourquoi Martine Aubry affiche-t-elle autant de prudence ?
A.M. : Lorsque j'ai été alerté en juin 2010, j'ai mené une enquête en sourdine de plusieurs mois, recueillant des témoignages convergents et recoupant les faits. Au point que, attaqué en
diffamation par le président du Conseil général des Bouches-du-Rhône, les preuves que j'ai déposées devant la justice contiennent 44 pièces, 170 pages, 20 témoignages et un enregistrement audio.
Lorsque j'ai alerté Martine Aubry, elle m'a d'abord dit, en substance, de "laisser les Bouches-du-Rhône tranquilles, ne t'en mêle pas." Lorsque j'ai dit que je déposerai quand même un
rapport écrit, IL m'a été indiqué qu'ON refuserait par avance tout rapport de ma part. Puis quand on l'a lu, ON m'a dit qu'il n'y avait rien
dedans. C'est pourquoi j'ai adressé à Martine Aubry le contenu des preuves formelles et effrayantes des pratiques du CG13 dirigé par Jean-Noël Guérini.
- Quels sont les faits incontestables à ce jour ?
A.M. : Les pièces que j'ai livrées à la justice et à Martine Aubry démontrent qu'Alexandre Guérini [le frère], aujourd'hui mis en examen pour corruption active, détournement de fonds publics et blanchiment en bande organisée, donnait des
ordres au directeur de cabinet du Conseil général, à celui de la Communauté urbaine, à plusieurs directeurs des services de ces collectivités. Qu'il distribuait des logements et faisait
distribuer des subventions aux associations amies, organisait les embauches, assurait les promotions au sein de l'Opac des Bouches-du-Rhône, obtenait l'achat de terrains et faisait pression pour
obtenir certains marchés. Aucune de ces activités ne pouvait aboutir sans la complicité de son frère, Jean-Noël, et sans l'appui de ce dernier. Complicité que révèlent de nombreuses pièces
versées à la justice et à Martine Aubry.
- Vous avez donc ces preuves ?
A.M. : Oui. Les témoignages que j'ai apportés démontrent que ce système ne reposait que sur l'intimidation et la peur dont certains élus socialistes se sont ouverts devant moi. Je considère avoir
apporté suffisamment de preuves de ces méthodes pour que la direction du PS prenne désormais ses responsabilités et interdise à Jean-Noël Guérini tout renouvellement de fonction en qualité de
président du CG. La majorité du Conseil général peut désigner un nouveau président socialiste incontestable qui mette fin à ce système. C'est le
remède anti-FN de choc qu'il faut administrer en urgence après le dernier avertissement lancé par les électeurs.
- Rappelons que Jean-Noël Guérini n'a pas été mis en examen ni même entendu...
A.M. : Georges Frêche qui a été exclu du PS n'a pas été mis en examen ni entendu. Les valeurs socialistes sont indépendantes de l'action de la justice.
- Que répondez-vous à ceux qui raillent en vous le chevalier blanc de la politique ?
A.M. : Croyez bien que ce n'est ni facile, ni agréable pour moi de dire ce qui aurait pu être constaté depuis longtemps. Et il n'y a pas dans cette affaire de chevalier blanc. Il n'y a que des
responsabilités collectives à exercer pour éviter que le PS ne soit contaminé pendant la présidentielle par le feuilleton judiciaire du déshonneur des deux frères Guérini. À cette affaire, le
parti ne doit nullement être mêlé car il s'agit d'agissements personnels qui ont conduit un juge à constater des liens sérieux entre Alexandre Guérini et
le grand banditisme. Soit la rénovation du PS est sincère, soit elle est fictive et d'apparence, ce qui ne fait pas partie du contrat politique que j'ai passé avec Martine Aubry
lorsqu'elle m'a demandé de la seconder. Je suis donc dans le cadre de ma mission.
- Peut-elle vous servir pour les primaires au PS ?
A.M. : Cette affaire aurait dû être réglée l'an passé, lorsque j'ai envoyé le rapport dès décembre, bien avant les cantonales. Cela aurait rendu service au PS, aux socialistes marseillais et de
toute la France qui n'ont pas à porter ce genre de croix, [en toute laïcité !] à Martine Aubry tout comme à moi-même.
- Ne craignez-vous pas de semer la zizanie ?
A.M. : Le parti ne devrait pas hésiter une seule seconde à écarter Jean-Noël Guérini pour nous éviter collectivement d'être compromis dans ses
affaires.
- Au fond, quel est votre objectif ?
A.M. : Voilà dix ans que je me bats pour l'avènement d'une VIe République qui associerait les gens aux décisions politiques locales. Qui assurerait la transparence de l'usage de l'argent public
et respecterait la nécessité de contre-pouvoir pour éviter ce genre d'abus. Nous y sommes.