Éditeur : Rouergue - Date de parution : Août 2007 - 158 pages très belles...
Extrait de la quatrième couverture :
Depuis toujours, elle s'est perdue. Bébé, ses parents l'oublient dans une fête foraine. Fillette, elle s'égare avec plaisir dans les bois. Trente ans plus tard, à l'hôpital, on la dit perdue. La tumeur, une étoile accrochée à son cerveau, l'a fait basculer dans un univers d'anges et d'ogres. Quelque chose de son enfance lui est revenu. Qu'on lui laisse oublier la rentrée des classes. Elle est partie cueillir des mûres. C'est son dernier été.
Ah, merveilleuse Fabienne Juhel ! Après les hommes sirènes, cette auteure continue de me ravir et de me subjuguer par son écriture. Et si j’ai mis en résumé un extrait de la quatrième de couverture c’est parce qu'il restitue l’ambiance de ce roman. Il dévoile ni trop, ni pas assez mais suffisamment pour susciter le désir de pénétrer dans l’univers ô combien envoûtant de l’auteure.
Oui, envoûtant car jugez par vous-même les premières lignes :
Je me suis perdue. Ca devait arriver. Je me perdais souvent, avant.
Une histoire commencée très tôt avant de devenir une habitude. Une humeur aussi. Un petit héritage de famille en somme. Pas grand-chose. Un legs que personne ne vous jalouse. Et qu’on empoche. Pas la peine, pour le coupe, de le formuler dans les clauses testamentaires.
Je peux vous dire que ce livre malgré le sujet triste n’est pas sinistre. Il ne reste qu’un été à vivre à la narratrice. Sa tumeur au cerveau ne lui accorde que quelques mois de sursis. Profiter juste encore du privilège de l’insouciance qu’offre la santé. Mas, ses oublis deviennent fréquents comme on perd le nord, les examens médicaux sont sans appel. Puis le corps se met en sommeil. Indéfiniment. L’esprit vagabonde et les pensées s’échappent. Elles franchissent à pieds joints la frontière du réel et se glissent dans les fables. Des souvenirs épars de l’enfance ressurgissent. L’odeur de l’herbe mouillée, du bol de lait chaud et les trésors de fortune mis au fond de la poche. Mais surtout sa vie de femme et de mère. A l’hôpital, son mari Michel est impuissant face à la prison du coma. Et, elle, elle aurait aimé continuer à raconter des histoires à ses enfants avant de partir définitivement. Le style de Fabienne Juhel caracole avec la poésie, l'onirique, c'est très beau… Une écriture qui porte en apothéose la nature, les fables. Des pistes sont semées, morceaux colorés que l’on retrouvera dans les hommes sirènes.
J’aime et j’ai besoin de ces lectures nourricières où le réel, l’imaginaire s’enlacent pour ne former qu’un. Encore un livre de cette auteure et je déclare officiellement que je suis atteinte de Juhelmania !
Le billet de Moustafette