Le choix des mots

Ce qui devait arriver arriva : déplacer le sujet de « l’islam » à « la laïcité » était une grave erreur. Ce n’est pas laïcité qui pose problème, ce sont les atteintes qu’on lui porte.

En refusant de nommer les choses, de poser le débat sur le vrai problème, les politiciens ont simplement réussi à unir contre le débat des gens qui y auraient été favorables initialement. Mauvais calcul, donc. Il ne reste que la couardise comme excuse.

Les responsables religieux français se sont unis pour écrire une tribune refusant le débat sur la laïcité. On peut les comprendre : ce n’est pas la Ce n’est pas laïcité qui pose problème, ce sont les atteintes qu’on lui portelaïcité le problème, mais la place de l’islam et des valeurs islamiques dans le socle de valeurs françaises. Leur tribune est donc juste sur le fond, mais hors-sujet.

Qui pense une seconde que le bouddhisme pose problème en France ? Et le protestantisme ? Et la catholicisme ?

Non : en 2011, en France, ce qui pose problème, c’est l’extraordinaire capacité de nos élites (politiques et médiatiques) à brader leurs valeurs au nom du politiquement correct, et du clientélisme électoral. Ce qui pose problème, ce sont les atteintes que portent à la laïcité et à nos valeurs une part des musulmans radicaux : liberté de la femme brimée, liberté de conscience soumise au diktat culturel et religieux, mélange volontaire entre le champ politique et le champ religieux, occupation illégale de l’espace public.

Les responsables religieux qui ont co-signés cet appel « sincère » montrent là une bien maigre connaissance d’un sujet important : l’islam n’est pas qu’une religion, c’est aussi une idéologie politique. En co-signant cette déclaration, ils véhiculent – malgré eux ? – l’idée que l’islam n’est qu’une religion parmi d’autres. Rien n’est plus faux. Et cet appel, pour juste qu’il soit sur le fond, est donc ridicule – parce que hors sujet – et coupable – car oeuvrant dans le sens des radicaux -.

Article paru sur Expression Libre, membre du Reseau LHC.