Mère de trois garçons, la célèbre avocate féministe découvre enfin le bonheur d'une lignée féminine.
Et la farouche opposante de la résignation de décrire cette passion fusionnelle, sévignéenne qui la lie à sa petite-fille. Une relation qu'elle analyse avec d'autant plus d'acuité et d'émotion qu'elle fut soudain interrompue, en 2002, par décision de l'Autorité parentale.
"J'avais avec ma petite fille des échanges d'adultes mais avec les mots de l'enfance. Notre extraordinaire proximité nous procurait une sorte d'osmose affective qui lui faisait accueillir mes récits dans le partage immédiat"
La souffrance que connaît alors la célèbre militante de la liberté féminine se voit privée d'issue combattive: s'opposer à l'Autorité parentale risquerait de nuire à la sérénité de ses petits-enfants. Elle entreprend dès lors de l'explorer en solitaire et la plume à la main, pour "reconstruire dans sa vérité l'enchaînement des faits."
Des fins de semaine dans l'appartement parisien du couple aux vacances à Guenaïdel, le havre provençal acheté l'année de la naissance de Tahfouna, le récit revit une succession de moments joyeux et complices , apanage des grands-parents. Et pose la cruelle question du deuil de cette relation et du pouvoir arbitraire des parents.
Il fallait oser.
Apolline Elter
Histoire d'une passion, Gisèle Halimi, Plon, 198 pp, 18,5 €