Mé
Jean-Louis Marco s’est lancé dans un étrange projet. Il met en scène le crépuscule de l’héroïc fantasy à travers le récit d’un des derniers aventuriers à avoir connu son âge d’or… Miguel a besoin de ressasser ses aventures de jeunesse pour ne pas oublier à quel point sa vie a valu la peine d’être vécue. L’attitude du petit fils est d’une grande modernité. Il n’est pas dans la posture d’idolâtrie que l’on retrouve en général lorsqu’un grand guerrier raconte ses exploits aux plus jeunes. Le discours de son grand-père l’ennuie profondément et il ne s’en cache pas.
L’ouvrage relate trois histoires totalement différentes. Les deux premières relèvent de la pure aventure alors que la troisième m’a fait penser aux Contes du Korrigan publiés chez Soleil. Loin des rondeurs que l’on retrouve généralement dans le franco belge classique, le trait est ici très aiguisé : nez pointus, cheveux hérissés, visages en lame de couteau... Les couleurs, où le gris vert et l’ocre dominent collent parfaitement aux ambiances forestières et montagneuses où l’action se déroule.
Un album étrange, presque expérimental. Entre héroïc fantasy classique et modernité du propos, difficile de classer ces Mémoires d’un guerrier dans un genre bien précis. Une agréable découverte en tout cas.
Mémoires d’un guerrier de Jean-Louis Marco, Gallimard, 2011. 92 pages. 16 euros.
L’info en plus : Jean-Louis Marco est l’auteur de Rosco le rouge, une série jeunesse en trois tomes publiée aux éditions Le cycliste et racontant les aventures loufoques d'une bande de pirates qui ne respectent pas souvent les règles et préfèrent suivre leur instinct.