Réseaux sociaux: quels sont nos droits ?

Publié le 29 mars 2011 par Qsndigital


Anything you say can and will be used against you…

Abreuvés que nous sommes de séries et de films américains, nous connaissons tous cette citation sans pour autant en connaître l’origine: ‘TOUT CE QUE VOUS DIREZ SERA RETENU CONTRE VOUS!’

Cette citation est en fait tirée de l’avertissement que doit systématiquement faire tout policier américain auprès de chaque suspect lors de son arrestation avant tout interrogatoire afin de l’informer de ses droits. Cet avertissement est connu sous le nom de ‘Miranda warning‘ ou ‘Miranda rights‘, en référence au jugement de la Court Suprême des Etats-Unis en 1966, considérant que les droits de Ernesto Arturo Miranda n’avaient pas été respectés dans une affaire où il était accusé de kidnapping et viol.

Pourquoi parler de cela ici?

Parce que en terme de eReputation et de Personal branding, il est souvent rappelé que tout ce que l’on peut dire sur internet, et sur les réseaux sociaux en particulier, pourra être retenu contre nous. C’est une façon de rappeler à chacun que toutes les traces qui nous concernent sur internet, qu’elles émanent de nous ou de tiers, sont quasiment indélébiles et peuvent surgir des années après leur diffusion dans un contexte différent et nous porter préjudice.

C’est le cas classique de photos très personnelles diffusées sur Facebook qui, consultées par un recruteur bien des années après, pourront avoir un impact négatif sur l’image d’un candidat.

On peut citer comme exemple concrêt la situation rencontrée en février dernier par Boris Boillon, le nouvel ambassadeur français en Tunisie, et ses photos en slip de bain sur son profil Copains d’avant.

Malgré tout, de nombreuses personnes n’arrivent toujours pas à admettre qu’ils peuvent être concernés. Si Internet peut être un formidable outil de Personal branding, on peut aussi ruiner complètement son image ou prendre des risques inconsidérés. La dématérialisation des contacts par les réseaux sociaux favorisel’oubli de toutes les règles élémentaires de prudence et de confidentialité. Lorsque vous croisez un inconnu dans la rue, est ce que vous lui présentez l’album photo de vos vacances ou lui précisez la prochaine date à laquelle vous serez absent de chez vous? Certainement pas.

La question n’est pas de critiquer les réseaux sociaux mais de rappeler les règles élémentaires qu’il convient de respecter, qu’il s’agisse de sécurité des informations personnelles comme des conséquences éventuelles de ses interventions. Ce rappel du principe de précaution vaut pour toutes les publications sur internet: photos, videos, articles, commentaires, qu’ils émanent de nous mêmes ou de tiers. Il faut constamment avoir à l’esprit qu’il est très difficile de contrôler quoi que ce soit à partir du moment où on le publie sur internet. Il est impossible que le support sur lequel vous avez publié quelque chose en conserve l’exclusivité. Très vite, cela peut être repris et diffusé sans que l’on en soit conscient. C’est ce qui en fait toute la difficulté pour éventuellement tenter de supprimer toute intervention qui finalement se révèle génante à un moment donné.

Autrefois on disait à quelqu’un de tourner 7 fois sa langue dans sa bouche avant de dire quelque chose pour être certain d’avoir pris le temps de réfléchir et éviter de dire n’importe quoi. Sur internet, il faut prendre le temps de réfléchir à ce que vous allez publier, même si cela devient de plus en plus difficile avec le phénomène de web en temps réel.

Mais au-delà de l’impact sur ce que l’on appelle aujourd’hui son eReputation, auquel chacun sera plus ou moins sensible, de nouvelles conséquences devront inciter chacun à des comportements plus avisés sur les réseaux sociaux.

A l’occasion d’un article intitulé ‘Facebook…une preuve juridique?‘ , Anita Rodamel, Avocate, a rappelé sur son Hub Viadeo à quel point les publications sur Facebook sont désormais une source de preuve incontestable devant les Tribunaux. D’ailleurs, précise-t-elle, ‘en matière de contentieux dans le domaine du droit social,les réseaux sociaux sont désormais très souvent utilisés par l’employeur afin d’apporter une image plus sombre du salarié et faire pression sur les conseillers prud’hommes dans le cas d’une procédure’.

L’exemple cité dans son article est éloquent:
‘Récemment,le Tribunal aux affaires familiales de Nancy a eu à trancher un litige portant sur le versement d’une pension alimentaire. Celui-ci a tout d’abord jugé recevable des pages du réseau social présentées par un père qui depuis des années,versait à son ex-femme une pension alimentaire pour leur fille prétendument sans revenus,alors que cette dernière s’affichait sur FACEBOOK avec son bébé et son compagnon. Le Tribunal a estimé que les éléments provenant de FACEBOOK constituaient non seulement une PREUVE RECEVABLE mais aussi un AVEU de la part de la jeune femme.’

‘Jamais un Tribunal n’était allé si loin au niveau de la reconnaissance de la preuve pour un réseau social’, ajoute Anita Rodamel.

Cet exemple est un cas d’école, qui s’inscrit dans la continuité de la décision du Conseil des Prud’hommes de Boulogne-Billancourt (nov 2010) confirmant le licenciement de 2 salariés de la société Alten sanctionnés pour avoir critiqué leur direction au cours d’une discussion sur Facebook en 2008. Cette décision, qui était une 1ère France, posait la question du flou entre vie privée et vie publique sur internet et les réseaux sociaux.

Ces décisions du Conseil des Prud’hommes et maintenant du Tribunal aux affaires familiales de Nancy prouvent qu’il n’y a désormais plus de flou entre la vie privée et la vie publique sur internet. Les utilisateurs des réseaux sociaux doivent comprendre les risques potentiels et les conséquences de leurs publications ou de celles émanant de tiers. Chacun se doit donc de veiller sur son identité numérique, pour gérer les traces qui le concernent.

Alors, sachant que ‘TOUT CE QUE VOUS DIREZ SERA RETENU CONTRE VOUS!‘, un conseil ‘ MIRANDIZE YOU!


Auteur: Frédéric Foschiani – QSN-DigiTal – www.blog-ereputation.com  – www.qsn-digital.com