C'est un nouveau rapport clinique délivré par l'American Academy of Pediatrics (AAP) sur la prise en charge de la fièvre chez l'enfant, publié dans l'édition de mars de la revue Pediatrics, qui explique aux parents, comme aux professionnels de santé, que la fièvre a aussi son utilité, que l'utilisation des antipyrétiques doit être judicieuse et que la gestion de la fièvre des enfants commence par la compréhension, de ce qu'est la fièvre, par les parents.
Les Dr. Janice E. Sullivan, et Henry C. Farrar, du département de pharmacologie clinique et thérapeutique de l'AAP, et le Comité des médicaments de l'AAP sont les auteurs de ce rapport, qui va, d'ailleurs dans le même sens que les recommandations françaises de l'Afssaps.
Des conseils appropriés sur la gestion de la fièvre commencent en aidant les parents à comprendre que la fièvre ne met pas elle-même en danger la santé d'un enfant dont l'état de santé est bon en général. En revanche, précisent les auteurs, la fièvre a son utilité. Ainsi, le véritable objectif d'un traitement antipyrétique n'est pas seulement de normaliser la température du corps mais d'améliorer le confort général et le bien-être de l'enfant.
Le paracétamol et l'ibuprofène, lorsqu'ils sont utilisés dans des doses appropriées sont généralement considérés comme médicaments sûrs et efficaces dans la plupart des situations cliniques. Cependant, rappelle le rapport, comme pour tous les médicaments, il convient de les utiliser avec précaution de manière à en minimiser le risque d'effets indésirables et la toxicité. Ainsi le rapport rappelle que le dosage approprié du paracétamol est de 10 à 15 mg / kg par dose administrée toutes les 4 à 6 heures par voie orale, qu'il produit un effet antipyrétique dans 30 à 60 minutes chez environ 80% des enfants. Le dosage approprié pour l'ibuprofène est de 10 mg / kg par dose. La polythérapie (association) paracétamol et ibuprofène peut accroître le risque d'effets indésirables chez les nourrissons et les enfants, en particulier, en raison d'erreurs de dosage.
Il appartient donc aux médecins et aux professionnels de santé, recommandent les auteurs, d'informer au mieux les parents pour minimiser leur peur en cas de fièvre de l'Enfant et de leur préciser que l'utilisation des antipyrétiques ne prévient pas les convulsions fébriles et qu'il n'y a aucune preuve que la réduction de la fièvre réduise la morbidité ou la mortalité d'une maladie. Les pédiatres doivent, toujours selon les auteurs, plutôt se concentrer sur la surveillance des symptômes des maladies graves et sur l'amélioration du confort de l'enfant par maintien d'un bon niveau d'hydratation, et… sur l'éducation des parents à l'utilisation appropriée, avec le bon dosage, et le stockage nécessaire, des antipyrétiques.
Pour optimiser la sécurité des enfants, les médecins et pédiatres devraient plaider pour une durée limitée d'un certain nombre de formulations de paracétamol et d'ibuprofène et pour un étiquetage plus clair des instructions d'utilisation de ces produits.
En France, l'Afssaps a publié une mise au point du même type, en liaison avec la Société Française de Pédiatrie. A la suite de l'identification d'effets indésirables rares, mais particulièrement graves, associés à la prise d'antipyrétiques chez l'enfant, certaines stratégies de traitement de la fièvre ont récemment été remises en cause, en particulier la prescription de plusieurs antipyrétiques. La recommandation est de ne prescrire qu'un seul médicament antipyrétique, aucune étude n'ayant démontré l'intérêt d'une alternance ou d'une association systématique. Seule, une fièvre mal tolérée, malgré un traitement bien conduit pendant au moins 24 heures, nécessite une réévaluation médicale, qui seule peut juger du bien-fondé de la substitution éventuelle du médicament. De plus, l'Afssaps déconseille l'association aspirine – AINS ou de 2 AINS.
Source: Pediatrics Vol. 127 No. 3 March 2011, pp. 580-587 doi:10.1542/peds.2010-3852 “Fever and Antipyretic Use in Children”, Afssaps “MISE AU POINT SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA FIEVRE CHEZ L'ENFANT”
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