En décembre 2010 je publiais cet article Thorium, pour un avenir nucléaire propre?, une alternative à la fission nucléaire à base d'uranium ou de MOX, dont l'actualité récente au Japon montre l'extrême dangerosité quand la réalité dépasse les prévisions les plus pessimistes des constructeurs. Le refus par la France et des pays hautement "nucléarisés" de considérer sérieusement l'alternative à base de Thorium, alors q'ici le nucléaire représente entre 70% et 80% de la production d'électricité, renvoie à un autisme difficile à comprendre si on fait abstraction d'une donnée fondamentale: le thorium ne produit pas de plutonium, et sans plutonium pas de bombes atomiques...
La réaction à base de Thorium, si elle ne résout pas tous les problèmes du nucléaire offre néanmoins de très importants avantages: la conception sous-critique faisant en sorte que la réaction s'arrête d'elle-même en cas d'accident, l'abondance et la capacité énergétique du thorium (200 fois plus que l'uranium, 3,5 million de fois la capacité du charbon...), très faible production de plutonium, déchets moins toxiques et à durée de vie plus courte.
La Chine, sans doute plus pragmatique et capable de considérer le long terme, vient de décider d'adopter la filière Thorium. Extrait de cet article qui circule sur le net, trouvé sur le blog noxmail.us:
La
Chine vient cependant d'annoncer qu'elle a opté pour une alternative au
nucléaire traditionnel, produisant mille fois moins de déchets que les
réacteurs à uranium : le réacteur à sel fondu de thorium. Le thorium est
un métal argenté nommé d'après le dieu scandinave du tonnerre Thor. Ce
métal radioactif a ses inconvénients, mais surtout, de nombreux
avantages : il est aussi commun que le plomb, par opposition à
l'uranium, dont il ne resterait plus que l'équivalent de 80 ans de
consommation dans le sol terrestre. Le thorium est également utilisable
presque totalement, alors que l'uranium ne l'est qu'à 0,7%. Il y en a
donc assez pour générer de l'énergie pendant des milliers d'années. Mais
le vrai bonus, c'est sa sécurité d'emploi. « Lorsqu'il se met à
surchauffer, une petite prise fond et conduit les sels dans un bassin.
Plus besoin d'ordinateurs, ou de pompes comme celles qui se sont
retrouvées en panne à cause du tsunami », explique Kirk Sorensen,
ex-ingénieur à la NASA et expert du thorium. « Ils fonctionnent à la
pression atmosphérique, donc le type d'explosion à l'hydrogène telles
que celles auxquelles nous avons assisté au Japon ne peut pas survenir.
Un réacteur de ce type aurait parfaitement pu faire face au tsunami. Il
n'y aurait eu aucune fuite de radioactivité ». Le thorium peut être
bombardé de neutrons pour produire une fission, mais sans que cela créée
une réaction en chaîne. La fission cesse dès que l'on arrête le rayon
de photons, explique le Professeur Robert Cywinksi de l'université
d'Huddersfield.
Ce sont les physiciens américains qui s'y étaient intéressés les premiers à la fin des années 40. Le thorium génère plus de neutrons que l'uranium, et permet d'obtenir de meilleurs cycles d'énergie. Mais les projets avaient été abandonnés, parce que le thorium ne produit pas de plutonium, dont on avait besoin à ce moment pour les bombes... Aujourd'hui, il semble que ce soit précisément ce qui retient l'attention : le thorium est définitivement moins nocif que l'uranium. Et comme si cela ne suffisait pas, il peut également brûler des déchets de plutonium provenant de vieux réacteurs, réduisant leur toxicité radioactive, et agissant comme un nettoyant biologique...
Certes le thorium n'est pas la panacée en matière environnementale mais à défaut d'une solution propre pour une énergie de base avant vingt ou trente ans (le temps de développer les filières solaires et géothermiques au niveau requis) la technologie thorium est bien moins dangereuse que l'uranium et bien plus propre que brûler du pétrole et du charbon. Peut-on espérer qu'un parti politique français inscrira cette approche dans son programme électoral pour 2012?
Billet en accès libre sur http://rhubarbe.net/blog/2011/03/29/energie-nucleaire-a-base-de-thorium-la-chine-se-lance/