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Libye : les lignes dans le sable

Publié le 29 mars 2011 par Jcharmelot

Dix jours aprés le début des opérations en Libye, les lignes de front militaires et diplomatiques commencent à se faire plus claires dans les sables de la Tripolitaine et de la Cyrénaïque. Les Etats-Unis ont joué un rôle primordial dans la mise en oeuvre de la force contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi. Et ils continuent à le faire. Ils sont passés ce week-end de l’usage intensif des cruise missiles et des munitions guidées à la mobilisation de « gunships » C-130 et de A-10, tueurs de chars. Cela indique que le commandement américain est convaincu que ces appareils, qui volent plus lentement que des chasseurs bombardiers traditionnels, ne sont plus sous la menace de la défense anti-aérienne libyenne, et qu’elle a donc été détruite. Ces appareils sont destinés à pulvériser des blindés ou à attaquer des colonnes de combattants, une fois que le théâtre des opérations a été débarrassé de l’aviation ennemie et des batteries de missiles sol-air. Cette pression aérienne de la coalition internationale a permis à la rébellion, désorganisée et sans expérience, d’avancer vers Syrte. Mais dès que ce soutien aérien a été suspendu, dans la journée du lundi 28 mars, la rébellion a reculé face au retour des loyalistes. La ligne de front entre les deux camps devrait donc se geler, et s’établir quelque part dans le désert, à l’est de Syrte, le fief de Kadhafi. La population de cette ville ne donne pas de signe de rébellion contre le colonel, ni non plus d’être menacée par lui. C’est donc dans son voisinage que s’établit également une ligne de front plus diplomatique : celle au delà de laquelle la résolution 1973 de l’Onu qui autorise l’usage de la force pour prévenir un massacre de civils par le régime de Kadhafi ne peut plus justifier une intervention de la coalition. Cette ligne invisible va servir de front implicite dans une partition non déclarée du pays. Si la rébellion veut la franchir, elle devra le faire sans l’aide de la coalition. Si les loyalistes la dépassent, ils le feront à leurs risques et périls. Ce front qui restera de basse intensité, tant que les rebelles n’auront pas la puissance de feu nécessaire pour déloger seuls le colonel Kadhafi de Syrte et de Tripoli, est aussi une ligne de division politique. A Tripoli, Kadhafi régnera sur un état croupion jusqu’à ce qu’une révolte de palais dans une semaine, un mois ou un an, ne l’emporte. A Benghazi, la rébellion s’organisera autour de son gouvernement de fait, le Conseil national provisoire, et recevra peu à peu le soutien des Occidentaux et des Arabes, jusqu’à ce qu’il puisse véritablement diriger le pays. Enfin la ligne à l’est de Syrte, sera également une ligne de partage économique, avec une entité qui pourra utiliser librement son pétrole, comme le CNP a dit qu’il en avait l’intention en passant un accord à ce propos avec le Qatar. A l’ouest, autour de Tripoli,  Kadhafi devra tenir compte des sanctions, de l’embargo international, pour exploiter ce qu’il pourra de son pétrole et, sans doute, avoir recours à la contrebande. Il contrôle également le gazoduc le long de la frontière avec la Tunisie, qui aprovisionne l’Italie, et le terminal pétrolier de Tripoli.  


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