The Dark Tower, avant d'être un comic-book synonyme de gros coup chez Marvel, est le grand oeuvre de Stephen King, petit romancier du coin. Soit une fresque en sept volumes pour la plupart massifs, qui conte la quête de Roland, pistolero à la recherche de la Tour Sombre (l'axe autour duquel s'articule une infinité de mondes parallèles, menacé par une entité appelée le King Crimson) du titre sur fond de western, de fantasy et de science-fiction post-apocalyptique. Le temps de me relire tout ça, et j'y consacrerai un billet. Comme ce n'est pas demain la veille, j'occupe aujourd'hui mon clavier avec The Gunslinger Born, rouleau-compresseur un peu décevant qui relate l'histoire du personnage principal dans l'ordre chronologique.
Il est donc question dans les sept épisodes de cette mini-série de l'épreuve de Roland face à son instructeur et de la mission qui va lui échouer suite à celle-ci : investir la baronnie de Mejis et en rapporter les activités de John Farson, meneur d'une révolution qui réduira à néant l'ordre établi par les pistoleros. Une épreuve du feu lors de laquelle il rencontrera et perdra son unique amour : Suzanne Delgado. Tout ceci, à l'origine narré dans le quatrième tome, Wizard & Glass, constitue l'un des temps forts de l'épopée de Roland. Pour lui faire honneur en bande-dessinée, il convenait donc de réunir une équipe de poids lourd. De ce côté là, pas de problème, Marvel a sorti la grosse artillerie : Stephen King himself pour superviser, Robin Furth (assistante du maître à l'origine de The Dark Tower - A Concordance, ouvrage en deux volets qui fait office d'encyclopédie de la saga) au scénario, Peter David aux dialogues (un Eisner Award sur The Incredible Hulk, X-Factor...), Jae Lee (The Sentry, Inhumans...) aux dessins et le frenchy Richad Isanove aux couleurs (Wolverine : Origin, 1602 et plein d'autres trucs).
Une chose est sûre, les planches regroupées dans le hardcover dédié flirtent régulièrement avec le sublime. En effet, même si l'on peut déplorer l'absence chronique de décors aux profits de fonds colorés et le fait que les protagonistes croqués par Jae Lee sont systématiquement bouche close, force est de constater que son style gothique s'accorde parfaitement à cette histoire crépusculaire et cruelle, accordant aux amants damnés et ceux qui les entourent une élégance funeste du plus bel effet. Sans parler du boulot d'Isanove, qui baigne le tout d'une aura magique (tons de rose et violet), ténébreuse (le noir est partout et comme un gouffre) ou poussiéreuse (nuances orangées et jaunes). Ce qui cloche vient, comme l'on pouvait s'y attendre, du scénario, qui d'une part n'apporte malheureusement aucun élément nouveau aux lecteurs du matériel original, tout en édulcorant les éléments les plus durs (grand public oblige) et en avalant moult détails (normal, au regard de la somme de texte à condenser). Reste au final un travail trop illustratif et au rythme maladroit (un coup on s'endort, ailleurs certains faits s'enchaînent trop vite), d'autant que l'éditeur a cru bon d'escamoter les textes pondus par Robin Furth pour chaque numéro. Des textes qui avaient le mérite de compléter l'énorme univers imaginé par King et qui auraient aidé la pilule à faire son chemin. Heureusement, l'édition est superbe, toutes les couvertures (variantes, seconde impression...) sont présentes et il y a même des cartes des contrées mentionnées et une galerie de croquis. The Gunslinger Born est donc un must-have pour les fans des sept pavés qui ont occupé une bonne partie de la vie de King, même s'il se contente de jouer les portes d'entrée.
The Dark Tower - The Gunslinger Born (Marvel) - 2007
Verdict du Père Siffleur