Train d'enfer pour Ange rouge, publié pour la première fois en 2004 aux éditions La vie du Rail, est classé parmi les romans noirs et a pour personnage principal, le commissaire Franck Sharko.
Pocket, 436 pages
Mon avis : c'est la première fois que je lis cet auteur. Il s'agit d'un thriller assez palpitant et bien rythmé. L'intrigue est relativement cohérente, l'ambiance est angoissante. Notre commissaire Sharko est crédible et très attachant.
Franck Thilliez fait preuve d'une grande ingéniosité au niveau de l'histoire et montre une fascination pour l'investigation scientifique de la police. Il nous plonge dans un univers sombre et effrayant, celui représentant les bas-fonds du sadomasochisme, ces milieux qui ont pignon sur rue à Paris. Les scènes se déroulent principalement dans la capitale mais l'auteur nous entraîne également dans quelques villes du Nord Pas-de-Calais : Lille, Le Touquet...
Thilliez sait aussi ménager le lecteur, en glissant un peu de décontraction et d'humour, dans des dialogues parfois très drôles, entre policiers notamment, parmi les scènes plus tendues.
D'autres personnages importants gravitent évidemment autour de Frank Sharko : d'abord, Thomas Serpetti, son grand ami, un as de l'informatique, va être d'une grande utilité dans le déroulement de l'enquête (d'où l'usage de nombreux termes techniques ; n'oublions pas que Thilliez est informaticien de profession). Ses collègues, les lieutenants Syberski et Crombez. Ensuite, Elisabeth Williams, la psychocriminologue renommée, femme à l'autorité naturelle, donne des conférences auprès de la police et de la gendarmerie. Grâce à ses analyses poussées et précises, elle s'aperçoit vite que le tueur est un assassin hors du commun. Doudou Camélia, la voisine de palier de Sharko : cette vieille Guyanaise, octogénaire, possède un don de voyance. Elle lui confie sa certitude que Suzanne est toujours en vie et pressent que le Mal tourne autour du commissaire, sans pourtant connaître l'identité de cet homme sans visage. Enfin bien sûr, Suzanne, la femme du commissaire disparue de façon inexpliquée.
Pour ma part, ce livre m'a convaincu à moitié. J'ai deux réserves à l'égard de ce livre : la première est la plus évidente à mes yeux : le goût particulièrement morbide de l'auteur : les passages sanglants et sordides, l'autopsie circonstanciée de la première victime peuvent rendre la lecture difficile et en décourager plus d'un. Thilliez ne nous épargne aucun détail. Âmes sensibles, s'abstenir ! L'on peut en effet s'interroger sur le bien-fondé de ces descriptions de scènes de torture, elles sont d'une violence inouïe, d'une cruauté insoutenable. Certains lecteurs penseront au contraire qu'il n'existe aucun voyeurisme malsain car l'ouvrage réside principalement dans les interrogations sur la souffrance et le mal. Ces descriptions sont-elle vraiment nécessaires à la bonne compréhension de l'histoire ? Je reste persuadé que l'auteur aurait pu se passer de ces scènes inhumaines. La seconde réserve concerne le dénouement, assez médiocre et peu original, notamment le coup de génie miraculeux du commissaire que je juge quelque peu ridicule. La conclusion est trop prévisible et finalement bâclée. Une impression de déjà vu en réalité. On découvre ainsi très vite le nom du meurtrier. Je regrette d'ailleurs que le titre du livre soit si évocateur ; il nous dévoile le nom de l'assassin. Mauvais titre s'il en est. C'est fort dommage.
En résumé, ce thriller garde toute son efficacité - ce n'est certainement pas le meilleur du genre - en tout cas, une lecture très éprouvante, réservée à un public plus qu'averti.