Qui reste-t-il ? Un quarteron de fidèles logés dans le Palais, trop habitués aux sondages concordants, aux débats sans contradicteurs ni contradictions. Il y a aussi quelques soutiens réticents qui n'osent franchir le Rubicon de la défiance autrement que par petites phrases rapidement démenties. Au lendemain d'un scrutin une nouvelle fois désastreux, Nicolas Sarkozy tente d'affirmer son autorité. Sur le plan international, il co-signe une déclaration avec le Britannique Cameron incompréhensible et approximative.
Chef de guerre ?
Officiellement, Nicolas Sarkozy a des sujets plus sérieux à traiter que ce scrutin strictement « local ». Pensez-vous ! Il est le « président de la 5ème économie du monde » ! Tout le weekend, les médias français s'étonnaient et se félicitaient de la fulgurante progression des forces rebelles en Libye. Les bombardements occidentaux affaiblissent évidemment les forces libyennes, même si l'alliance occidentale déborde ainsi de son mandat onusien initial. Lundi, après le scrutin cantonal, on apprenait que l'avancée des révolutionnaires libyens était moins importante que prévue. Ce même lundi 28 mars, lendemain électoral, Nicolas Sarkozy et son collègue David Cameron publiaient un étrange communiqué commun, truffé d'approximations et de réécritures historiques. Dix jours après le début de l'offensive occidentale contre les forces de Kadhafi en Libye, et à la veille d'un sommet international à Londres, les deux compères encouragent les proches du dictateur libyen à changer de camp. Mais l'étrange est ailleurs.
Sarkozy et Cameron expliquent que leur intervention dès le 20 mars a sauvé « des centaines de milliers de personnes » « d'une catastrophe humanitaire annoncée.» On ne sait pas d'où ils sortent cette estimation ? Ils se réfugient derrière un mandat onusien qui n'autorise qu'une protection des civils (« Nos pays sont résolus à continuer à appliquer la résolution n°1973 du Conseil de sécurité afin de protéger le peuple libyen ») pour réclamer le départ de Kadhafi (« Kadhafi doit donc partir immédiatement »). Ils évoquent une initiative de la Ligue arabe à l'origine de la résolution du Conseil de Sécurité : « Suite à l'appel lancé par la Ligue arabe en faveur de la protection de la population libyenne, le Conseil de sécurité des Nations Unies a voté, le 17 mars, une résolution historique visant à protéger les civils de la violence qu'a déchaînée sur eux la machine de guerre de Kadhafi. » Sarkozy avait-il peur de paraître seul en première ligne ?
Pour conclure, les deux espèrent que « lors de la conférence de Londres, la communauté internationale tout entière aura l'occasion d'exprimer son soutien au peuple libyen dans sa lutte visant à faire tomber une dictature violente et à créer les conditions propices qui lui permettront de décider de son avenir.» On applaudit ! On espère que Nicolas Sarkozy affirmera le même préalable démocratique à l'encontre de son ami syrien Al Hassad : « Comme tout autre peuple, il a le droit de choisir librement ceux qui le dirigeront. » Fichtre ! Quelle déclaration ! Nicolas Sarkozy s'envole pour la Chine, ce mercredi. Gageons qu'il aura l'occasion de demander à son hôte, président de la plus grande dictature du globe, de laisser son peuple « choisir librement ceux qui le dirigeront. »
Sarkozy et Cameron mesurent-ils la portée de leurs propos ? la démarche, non concertée évidemment, avait quelque chose de triste et pitoyable. La France aurait pu déclarer la guerre à la Libye pour des motifs humanitaires et démocratiques. C'eut été courageux, gonflé et dangereux.
Le Nouvel Obs avançait une explication pour cette déclaration franco-britannique inattendue. L'Allemagne et l'Italie envisageaient de proposer un cessez-le-feu immédiat en Libye lors de cette même réunion de Londres.
Chef d'un clan !
Depuis son élection en mai 2007, Nicolas Sarkozy a perdu toutes les élections intermédiaires, sans exception : municipales au printemps 2008 (avant la crise); européennes un an plus tard; régionales en 2010, et cantonales de mars 2011. Un sans-faute qui, aggravé par des sondages de popularité calamiteux depuis l'automne 2007, a peu à peu miné l'autorité de l'omni-président. Au printemps 2010, il avait du concéder un mini-remaniement, secoué par une bronca antisarkozyste au coeur de ses groupes parlementaires.
Chaque lundi, Nicolas Sarkozy débute la semaine par une réunion avec quelques dirigeants de l'UMP. Il faut caler les messages, et tenir les troupes. Participent habituellement à ce premier rendez-vous, Jean-François Copé le secrétaire général de l'UMP ; Brice Hortefeux, futur conseiller politique et actuellement en charge des investitures à l'UMP; Franck Louvrier, le conseiller en communication; Patrick Buisson, le gourou des études; Pierre Giacometti, son autre conseiller ès sondages ; François Fillon, et, parfois, Henri Guaino.
Le mardi, les dirigeants de l'UMP avaient coutume de relayer la bonne parole présidentielle. Depuis quelques mois, il y a friture sur la ligne, parasite dans les rouages, dissidence dans les rangs. Le signe, évident, d'un affaiblissement de l'autorité de Nicolas Sarkozy. Le 21 mars, lendemain du premier tour des élections cantonales, le Monarque avait réaffirmé ses consignes : ni Front national, ni Parti socialiste. On se souvint du cafouillage cantonal le lendemain. Fillon contredit Sarkozy, avant de se rétracter quelques heures plus tard.
Toute la semaine, les supporteurs du Monarque répétèrent qu'il valait mieux l'abstention que le front républicain en cas de duel FN/gauche au second tour du scrutin. Dimanche soir, Jean-François Copé, le faux patron de l'UMP, sortait ses larmes de crocodiles pour regretter la fameuse abstention. Le ridicule n'a plus de limites.
Ce 28 mars, Sarkozy s'énerva contre les velléités séparatistes des centristes et notamment de Jean-Louis Borloo : « Ceux qui mettent en cause la famille politique sont ceux qui ne se battent pas pour elle, et ceux qui voudraient mettre en cause l'unité de notre famille ne le feront pas avec notre complicité ». Ces propos ont « extrêmement peiné » l'ancien porte-parole de l'UMP Dominique Paillé. La débâcle au second tour des cantonales a ravivé les critiques contre la stratégie présidentielle et l'hôte de l'Elysée lui-même. Sarkozy insiste à nouveau pour que le débat sur l'Islam et la laïcité ait lieu, le 5 avril prochain, au sein de l'UMP.
La veille, le jeune Benoist Apparu, secrétaire d'Etat au Logement, s'inquiétait sur i-Télé qu'on ne parle que de ça. Quelques heures plus tard, François Baroin, pourtant porte-parole du gouvernement, contredit également son patron, en suggérant de « certainement mettre un terme à tous ces débats. » . « Je crois qu'il faut s'écarter de tout ce qui peut, de près ou de loin, donner l'impression de stigmatiser » a-t-il précisé. Comme à chaque couac intra-UMP, un responsable du clan précise rapidement que « François Baroin devrait rectifier ses propos dans la journée ». Le soir même sur CANAL+, le secrétaire Copé a même taclé son rival Fillon. Ce dernier apprécie peur qu'on agite les peurs pour faire le jeu, in fine, du Front National. Même Jean-Michel Apathie s'en agace.
Une fois par mois, Nicolas Sarkozy reçoit des sénateurs UMP (comme le 9 mars dernier) ou des députés UMP (le 16 février). Le Monarque a laissé fuiter qu'il régalerait tous les députés UMP à l'Elysée le 13 avril prochain. De temps à autre, le Monarque rencontre des « intellectuels.» Le 23 mars dernier, entre les deux tours du scrutin - accrochez-vous - il a invité à déjeuner Denis Tillinac, l'ancien écrivain chiraquien, Eric Zemmour, le journaliste nouveau condamné, et Yann Moix, un temps cinéaste. Ce trio est exemplaire d'un troisième cercle des sarkozystes disparus : aux côtés des fidèles et des résignés, voici les illuminés de la dernière heure !
Dans son ancien fief des Hauts-de-Seine, le traumatisme est plus intime. Il y a quelques mois, quelques conseillers et proches sarkozystes avaient appelé un à un les représentants de l'UMP locale pour évincer Patrick Devedjian au profit de l'inexistant Guillet maire de Chaville. Sur toutes les ondes, le couple Balkany répétait combien Devedjian était usé et méritait une raclée. Or voici qu'au second tour de ces sinistres cantonales, Isabelle Balkany, la « marraine politique » du Prince Jean S., fut défaite à Levallois-Perret par un candidat « divers droite » choqué par le népotisme Bling-Bling du Monarque. La chasse au Sarkophile est-elle ouverte dans les Hauts-de-Seine ? Le 2 mars dernier, Patrick Devedjian confiait que « Les Hauts-de-Seine sont en France, ils subissent exactement le même climat que le reste du pays ». Fidèle à la tradition paternelle, le fils Jean déclara aussitôt sa flamme et son soutien à ... Patrick Devedjian, l'ancien ennemi.
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