Ces chercheurs de l'université de Penn médecine, ont découvert une nouvelle façon de traiter le cancer du pancréas en incitant le système immunitaire à détruire non pas la tumeur directement, mais les tissus qui la soutiennent. Cette toute nouvelle stratégie thérapeutique a été testée sur une petite cohorte de patients atteints de cancer avancé du pancréas. Plusieurs d'entre eux ont vu leurs tumeurs diminuer sensiblement. Une stratégie qui pourraient permettre d'accélérer le développement d'un médicament très peu coûteux contre ce cancer, des résultats publiés dans l'édition du 25 mars dans la revue Science.
«Jusqu'à cette recherche, nous pensions que le système immunitaire devait attaquer directement le cancer pour être efficace", explique l'auteur principal, le Pr. Robert H. Vonderheide, professeur agrégé de médecine du département d'hématologie et d'oncologie de l'Abramson Family Cancer Research Institute. «Maintenant, nous savons que ce n'est pas nécessairement le cas. Attaquer les tissus denses qui entourent les tumeurs est une autre approche possible, comparable à attaquer un mur de briques en détruisant le mortier du mur. En fin de compte, le système immunitaire est capable de ronger ce tissu entourant le cancer et les tumeurs se décomposent à la suite de cette “attaque”.
Cet essai clinique a été conduit à Penn sur des patients du cancer du pancréas recevant une chimiothérapie standard (gemcitabine) associée à un anticorps expérimental fabriqué par Pfizer. Les anticorps se lient et stimulent un récepteur de surface cellulaire appelée CD40, un régulateur clé de l'activation des cellules T. L'équipe a d'abord émis l'hypothèse que les anticorps CD40 activeraient les cellules T et leur permettraient d'attaquer la tumeur.
Les macrophages attaquent le tissu de soutien situé autour de la tumeur: “La zone entourant le cancer du pancréas est très dense, fibreuse et hostile. C'est l'une des raisons pour lesquelles les principales thérapies de cette maladie réussissent souvent si mal." Mais cette nouvelle thérapie semble fonctionner, et, chez certains patients, les tumeurs diminuent sensiblement même si tous les patients répondants ont finalement rechuté. Lorsque les chercheurs ont étudié des échantillons de tumeurs post-traitement, obtenu par biopsie ou chirurgie, il n'y avait plus de cellules T en revanche d'autres globules blancs en abondance, appelés macrophages. Pour comprendre ce qui se passait dans les tissus de ces patients, les chercheurs ont fait appel à un modèle murin de cancer du pancréas développé il y a plusieurs années à Penn. Lorsque les enquêteurs ont traité ces souris avec cancer du pancréas, par la gemcitabine en association avec des anticorps CD40, les résultats snt comparables à ceux de l'essai sur l'homme. Certaines tumeurs de souris ont également diminué et se sont révélées chargées en macrophages, mais avec peu ou pas de cellules T. Un examen plus attentif a montré que les macrophages attaquent ce qui est connu comme le stroma tumoral, le tissu de soutien situé autour de la tumeur.
Les tumeurs pancréatiques sécrètent des signaux chimiques qui attirent les macrophages sur le site de la tumeur, mais si on les laisse à eux-mêmes, ces macrophages protègeraient la tumeur. Par traitement avec les anticorps CD40, le système s'inverse : "C'est un peu une approche cheval de Troie» explique l'auteur, "la tumeur attire toujours les macrophages, le récepteur CD40 rééduque ces macrophages à passer à l'attaque."
"Ces résultats mettent en évidence une nouvelle approche pour le développement de médicaments contre ce cancer qui devraient être plus rapidement efficaces, moins chers et nous donner une longueur d'avance dans les essais cliniques."
Source : University of Pennsylvania School of Medicine, ScienceVol. 331 no. 6024 pp. 1612-1616 DOI: 10.1126/science.1198443 « CD40 Agonists Alter Tumor Stroma and Show Efficacy Against Pancreatic Carcinoma in Mice and Humans », (Visuel Science Daily)
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