God save la France ? Une chanson, certes. Mais aussi une formule aussi saugrenue qu’audacieuse et qui fait sens tant le débat mérite d’être lancé par les forces vives de la nation pop. Depuis un bouquet d’années, trois ou quatre seulement, le visage de la chanson française s’est littéralement transformé. Ainsi, la langue de Molière vient de rouler une pelle à la pop acidulée dont les génies anglais posèrent les canons il y a de cela quarante ans. Pas bégueule pour deux shillings, cette même scène se plait à embrasser les atours mirifiques de la sunshine pop ricaine aux hérauts mythiques, des Beach Boys au West Coast Pop Art Experimental Band en passant par Curt Boettcher et Gary Usher. Malgré des paroles inoffensives, pourtant parfois polissonnes comme sur Les Villes, les bordelais de Pendentif s’inscrivent dans cette tendance au combien solaire. En usant avec délicatesse d’une instrumentation carillonnante. Si le quintet se pose comme les petits frangins d’Holden, ils adaptent à leur vocable un minimalisme décoratif qui leur permet de ne jamais se disperser. Et les quatre chansons s’en voient ainsi galvanisées, pleines d’une intarissable fraicheur qui les rapproche ainsi de leurs modèles anglo-saxons. Par la magie d’un songwriting ayant fait ses preuves, ils ont métamorphosé cet estuaire endormi en riviera californienne et ce n’est pas les refrains chantés en franglais qui diront le contraire. Autre point fort de ce premier EP, l’intemporalité du son malgré la présence disséminée de quelques synthés vintage sur Pendentif, le morceau titre. Il en résulte un ensemble harmonieux et chatoyant qui séduit immédiatement par son apparente simplicité tubesque qui fera à n’en point douter danser tout l’été. C’est là la fonction d’un EP. Peut-être un futur album transformera le tir en coup de maître. On se plait aussi à imaginer le groupe s’illustrant sur d’autres formats, mini symphonies dont l’exploration du médium temps les propulsera vers des cimes jamais atteintes. Mais revenons au propos initial. Il est des domaines que la France peut largement préempter.Gastronomie, vin, littérature, cinoche. Dans le registre musical, la France s’est longtemps disqualifiée à force de trop privilégier la variété. Au gré des décennies, des formations underground naissent, d’autres s’arrachent à la confidentialité pour s’imposer dans les charts mais il faut attendre la fin des 90s et le début des années zéro pour que la France propose au monde une offre valable : la french touch. C’est l’électro qui tire alors son épingle du jeu. Avec l’Allemagne, l’hexagone brille et se replace subitement au cœur de l’échiquier, impatiente, plaisante à l’oreille, géniale et intuitive. Comme à l’époque de Debussy ou de Ravel où nous étions les maîtres du monde. Et là, c’est la pop qui reprend le flambeau et de quelle manière, levant un espoir inespéré. Mais au fond, des formations comme Pendentif fascinent parce qu’elles sont tout simplement le reflet de leur temps. Un nouveau siècle nourri d’incertitudes où les vieilles nations doivent affronter les rudes enjeux de la mondialisation. Dans ce choc des identités, les hommes mais aussi les artistes s’arment de leur propre langue pour se défendre ou tout du moins exister. Quelle grandeur noble quand ils arrivent, par la seule force de leur volonté et de leur art, à fondre cet héritage linguistique dans le terreau malléable de la culture occidentale. Sans le perdre, ni le déprécier, non, au contraire mais pour lui permettre de renaître sous une forme neuve, contemporaine. Difficile équilibre que certains ont réussi à trouver, à créer même, sans trop de compromission. Ils symbolisent l’universalité de notre époque, avec cependant toute la singularité qui leur est propre. Ainsi, même si le français peut constituer un handicap (le fut-il réellement pour un héros français comme Gainsbourg au succès devenu depuis international), ces musiciens passionnent, emballent par leur savante connaissance des idiomes mélodiques, et arrivent à doser mots et images avec une précision remarquable. Pour un résultat qui séduit sans jamais plomber la musique. Au contraire. Ces quelques noms, valeurs émergentes, enflentnos rangs. Ils s’appellent Alister, Travis Burki, Séverin, Arnaud Fleurent-Didier, Katerine, Alexandre Chatelard, Charles-Baptiste, Young Michelin et ce si joli Pendentif. Qui enfile les perles… Pop à l’infini.
RIP. Pascal Obispo, Corneille, Florent Pagny, Grégoire, Bénabar, Christophe Maé, Noir Désir, Zaz, Jennifer, Cœur de Pirate, Camélia Jordana, Julien Doré, Patrick Fiori, Mozart l’opéra rock j’en passe et des pires…
http://www.myspace.com/pendentif
29-03-2011 | Envoyer | Commentaires (2) | Lu 2401 fois | Public Ajoutez votre commentaire