Les Échos ont publié un article sur Microworld, la plate-forme virtuelle de microcrédit de PlaNet Finance, qui se veut "le nouveau Facebook du crédit pour les plus démunis". MicroWorld espère financer à terme 6.000 projets de microcrédit par mois, répartis dans une vingtaine de pays, grâce à 20.000 prêteurs.
Bien utilisées, les nouvelles technologies sont-elles l'antidote à la pauvreté dans le monde ? Les fondateurs de MicroWorld, la nouvelle plate-forme virtuelle de microcrédit solidaire du groupe PlaNet Finance de Jacques Attali, en sont convaincus. « Les systèmes de solidarité ne sont pas adaptés au nouvel environnement ultradynamique et ultraviral de l'Internet. Il fallait créer un système aussi générationnel que Facebook pour sauver la planète », déclare non sans emphase Alexandre Allard, président d'Allard Involved. C'est avec cet objectif que sa société d'investissement solidaire a participé au pool de huit investisseurs internationaux qui ont apporté 6,5 millions d'euros pour lancer MicroWorld.
Cette plate-forme est conçue sur le même modèle que Babyloan en France ou Kiva aux États-Unis. « Tous les projets sont présentés sur le site et tout le monde peut prêter une petite somme en quelques clics, précise David Langlois, directeur général de MicroWorld. Contrairement aux dons effectués via des associations caritatives, cette contribution, de 48 euros en moyenne, est 100 % attribuée au porteur de projet. »
Les premières semaines de lancement sont encourageantes : 400 projets d'un montant moyen de 500 euros, répartis dans trois pays (Pérou, Sénégal et Cambodge), ont trouvé un financement via MicroWorld. Pour David Langlois, ce n'est qu'un début et il assure que la plate-forme a été conçue pour traiter 300 projets par pays et par mois. « En avril nous serons au Liban et nous étudions la mise en place de partenariats aux Philippines, au Maroc, au Ghana et au Tadjikistan. Notre objectif à terme est de compter 20 pays, ce qui représente une moyenne de 6.000 projets de microcrédit traités par mois », conclut-il. Fort de 1.500 membres en l'espace de quelques semaines, il espère compter 20.000 membres prêteurs dès la fin de l'année.
« Microshows » pour les prêteurs
La plate-forme de Babyloan n'a de son côté pas encore atteint les 10.000 membres actifs en deux ans, mais les créateurs de MicroWorld estiment avoir d'autres atouts pour sortir le microcrédit de la confidentialité. Ils ont mis à profit les techniques de marketing viral propres à Internet en convaincant plusieurs artistes de soutenir le projet. Ces derniers se produisent dans des « Microshows » réservés aux prêteurs et ils initient des communautés virtuelles « d'amis » comme peut le faire tout internaute désireux de soutenir MicroWorld.
Jean-Louis Aubert lors du premier MicroShow, le 21 février 2011, au Musée du quai Branly.
Ces vitrines médiatiques ont le double avantage d'être gratuites et de casser l'image institutionnelle du microcrédit. MicroWorld dispose, en outre, d'une plate-forme informatique comparable à celle d'une banque. « Notre plate-forme internet permet de gérer les flux financiers de 3 millions de prêteurs pour 2 millions de micro-entrepreneurs sans difficultés, souligne Alexandre Allard. Elle nous permet aussi de concevoir et gérer des sites MicroWorld dédiés pour des entreprises partenaires. » Ses équipes finalisent une plate-forme virtuelle pour GDF Suez et espèrent répliquer l'expérience avec trois autres grandes entreprises du CAC 40 d'ici à la fin de l'année. MicroWorld fait ainsi d'une pierre deux coups : cette activité lui assure une source de revenus supplémentaires tout en lui donnant accès à des milliers de nouveaux souscripteurs. Une mécanique vertueuse propre à Internet.