Attendu par moi-même comme le renouveau du RPG occidental sur next-gen, Dragon Age a déçu légèrement malgré sa qualité tout à fait remarquable. Peu de temps après, Electronic Arts annonce déjà la sortie d’une suite qui se voudra, à l’instar de Mass Effect 2, plus orientée action en gardant la forte composante RPG. Pour autant, le résultat n’est pas à la hauteur des attentes…
C'est linéaire et pas très beau...
Si comme moi vous avez voulu rester vierge de Dragon Age II et avez donc zappés les trailers et toute la communication autour du jeu, c’est avec une amère surprise que vous allez découvrir le début du jeu. Lorsque l’on achète Dragon Age II, comme son nom l’indique, on s’attend à jouer à Dragon Age en mieux ou à Dragon Age avec beaucoup de nouveautés mais sur une base qui reste aussi solide que le premier. Grave erreur. Le gameplay de Dragon Age II est très différent et plus action que le premier opus, c’est le moins que l’on puisse dire. Le jeu est devenu réellement un hack ‘n slash. Oubliez les combats tactiques et les pauses actives obligatoires : il faudra maintenant enchaîner des « combos » et lâcher ses coups spéciaux au bon moment pour frapper les ennemis. Le challenge ne s’axe plus sur la tactique et la gestion mais plus sur l’action pur et le button mashing. Une déception grande donc pour les fans du premier opus qui était justement très rigoureux sur ces points. Autre simplification : le choix des personnages. Alors que le premier épisode était déjà assez limité, ici, c’est direct : Guerrier, Mage ou Voleur. Pas d’intermédiaire, pas de classes complexes : on prend le basique du basique et on l’applique. La formule pour rendre le jeu plus accessible mais par ailleurs, beaucoup moins complet et intéressant. Le problème, c’est que l’entièreté du gameplay est fait ainsi. Les arbres de talents, l’inventaire et la personnalisation de son avatar : tout est réduit au minimum syndical. Finalement, devant Dragon Age II, on a plutôt l’impression de se retrouver devant un prototype du premier épisode, les qualités en moins.
Voilà qui résume bien le jeu...
Ce qui fait également le plaisir d’un RPG, c’est son ambiance et sa liberté. Manque de chance, tout cela a aussi disparu du jeu. Les quêtes annexes du premier épisode, plutôt diverses et longues, sont remplacées par de vulgaires suites de combats pratiquement toujours inévitables. Un exemple simple est illustré dans le prologue. Alors que le premier Dragon Age proposait des prologues très variés et vraiment intéressants pour chaque race, ici, on a le droit à un scène de fuite familiale qui déboule sur un combat contre un boss dont l’issue est bien entendu inévitable. Aucun choix n’a de conséquence. Le charisme du personnage et son aptitude au dialogue sont donc souvent vains : le résultat est souvent un combat pur et dur. La visibilité des issues est tellement évidente que le plaisir de jeu est atténué presque totalement. On note aussi que la quête principal est des plus linéaire. Même si ce point faible est également présent dans Mass Effect 2, dans celui-ci, la mise en scène et les dialogues ne sauvent pas le jeu. Les personnages sont quasiment tous dénué de charisme et de présence. Les lacunes du premier opus sont toujours là et en pire ! Quasiment aucun personnage ne ressort de l’histoire, on ne les retient pas. Les doublages sont en plus plutôt inégaux voir même bâclés pour certains, ce qui n’aide pas le tout.
Ca a l'air épique mais pas trop...
Enfin pour finir en beauté, Dragon Age II joue la carte de la flemmardise en recyclant ses donjons très fréquemment. Ainsi, on aura la chance (ou plutôt le contraire) de parcourir trois à cinq fois le même donjon, avec le même décor et des embranchements identiques dans des quêtes et des périodes de jeu différentes. Un comble pour un RPG qui se veut exploratoire. De plus, là où le premier opus offrait un monde cohérent et riche, cet épisode propose une carte fermée ou les personnages naviguent dans des zones que l’on pourraient qualifier de couloirs ou les combats s’enchaînent, souvent sans raison. Pour autant, le scénario est plutôt de qualité. C’est ce qui sauve le jeu un minimum. L’histoire et l’univers ne changent pas et si vous outrepassez tous ces défauts, vous pouvez prendre du plaisir sur Dragon Age II. Pour autant, pourquoi se fatiguer alors que la rude concurrence est bien meilleure et que le premier opus surpasse de tout point celui-là ? Vous n’avez pas la réponse ? Moi non plus…
Voila le bilan après quelques heures sur Dragon Age II : à vouloir sortir trop de suite trop vite, on perd la saveur et la force de ce qui aurai pu faire une belle saga. Bioware perd en même temps un peu de son panache avec un jeu qui est clairement très moyen et en dessous de toutes leurs autres productions. Si Mass Effect 2 avait réussi la transition entre action et RPG, Dragon Age la rate et pas qu’un peu. On espère un troisième épisode qui remontera le niveau !
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