Un jour, j'ai reçu une lettre, une longue lettre pas signée. C'était un événement, car dans ma vie je n'ai jamais reçu beaucoup de courrier. Ma boîte aux lettres se bornant à m'annoncer que la-mer-est-chaude ou que la-neige-est-bonne, je ne l'ouvrais pas souvent. Une fois par semaine, deux fois les semaines sombres, où j'attendais d'elles, comme du téléphone, comme de mes trajets dans le métro, comme de fermer les yeux jusqu'à dix pouis de les rouvrir, qu'elles bouleversent ma vie.
Et puis ma mère est morte. Alors là, j'ai été comblée, pour bouleverser une vie, la mort d'une mère, on peut difficilement mieux faire.
Je n'ai lu, il me semble, que des avis positifs sur ce roman, et j'avais donc très envie de le découvrir à mon tour. Aussi, comme Keisha, que je remercie, en a fait un livre voyageur, j'ai profité de l'occasion (qui, comme chacun sait, fait le larron...).
Nous sommes en 1975. Camille, la narratrice, a 35 ans et vient de perdre sa mère. Au milieu des petits mots de condoléances qui envahissent sa boîte aux lettres, elle découvre une étrange missivive, signée "Louis", qui lui raconte l'histoire d'Annie. Une histoire qui commence à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Camille ne connaît ni de Louis, ni d'Annie. Elle s'interroge : s'agit-il d'une erreur ? D'un écrivain qui lui ferait passer de manière originale un manuscrit, à elle qui est éditrice ? Pendant ce temps les lettres continuent à arriver, régulièrement, tous les mardi.
Oh là là que ce roman m'a bouleversée. Vraiment. Pourtant ce n'était pas gagné : la période de la Seconde Guerre mondiale est une période historique que j'évite comme la peste dans les livres, car en général je ne suis pas capable de supporter l'ambiance. Mais là, il est vrai, elle ne sert que de toile de fond. L'important, c'est l'histoire. avec un petit h. Deux récits s'entremêlent : celui de Camille, et celui des lettres. Apparemment ils n'ont aucun lien, mais évidemment, à un moment, tout s'éclaire. Et de quelle manière ! La construction narrative est magistrale dans ce roman polyphonique, où se succèdent les différents points de vue sur le même événement, jouant le contraste entre les apparences et la réalité. Où est le vrai, où est le faux. Quant au sujet, il est émouvant au possible et nous mène à nous interroger sur l'être humain, et à nous poser la question de savoir jusqu'où nous serions prêts (et surtout prêtes) à aller dans certaines circonstances, qui ne sont pas celles que l'on croit malgré le cadre historique. Bref, je suis sortie de cette lecture pas mal bouleversée et sonnée, et je conseille vraiment ce roman, le premier de l'auteure qui à mon avis a un bel avenir devant elle !
Vous pouvez également aller lire les avis de Keisha, Sabbio, Véronique, Sandrine, Leiloona, Stephie, Chaplum, and so on...
Le Confident
Hélène GREMILLON
Plon, 2010