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Serait-il en train de perdre pied ? Ou seulement ses talonnettes…
Je profite de la Chronique de Gérard Courtois dans le Monde d’aujourd’hui pour dire ce que je pense du thème qu’il évoque : la crédibilité de la candidature, ou tout du moins de la ligne Sarkozy, c’est-à-dire celle de la droite dure inspirée par des collaborateurs tels que Guéant, , Mariani, Raoult, Vanneste, et tous ces gens de la droite dite populaire, qui se plaisent à colporter par des jeux de mots douteux leur haine ou leur mépris de tout ce qui leur est étranger… ou pas (ainsi l’homophobie de Vanneste…)… Ceci d’autant plus qu’un autre article, de l’Express cette fois, vient nous démontrer tout le mal qu’il y a de penser contre un sarkozysme qui se fait menaçant dès qu’on touche à sa suprématie….
La chronique de Gérard (on va l’appeler ainsi tout au long du billet par commodité) commence par la réaction de François Hollande – dont je tiens à préciser que je pense beaucoup de mal de son lourd héritage en termes de virage libéral du PS – mais duquel Gérard pense manifestement, lui, plus de bien puisqu’il écrit :
« il n’a rien perdu de son œil politique et de son sens de la formule. Celle-ci, par exemple, pour qualifier les palinodies au sommet de l’Etat au lendemain du premier tour des cantonales : « Une crise d’autorité« .
Viennent ensuite un certain nombre de considérations sous formes d’anecdotes et d’événements qui marqueraient cette assertion, là où, en 2007, il apparaissait davantage comme « le chef incontesté de son camp » : remaniement du deuxième gouvernement Fillon, capacité de celui-ci à imposer son maintien contre l’avis du Président qui doit se ranger à l’avis de la majorité, ce qui apparaît aux yeux de Gérard comme « un signe de faiblesse », stratégie du ni-ni martelée contre vents et marées et moult atermoiements du camp démocrate, un ni-ni qui pourtant volé en éclats de manière manifeste au lendemain des cantonales d’hier, déclarations du premier ministre qui s’oppose à cette consigne contraire à ses convictions malgré que le Président ait du se fâcher tout rouge pour imposer sa consigne, projections osées à partir des enseignements de la cantonale 2011 sur la présidentielle de 2012, avec à la clé un risque de « 21 avril à l’envers« (deuxième tour gauche/FN), un gouvernement qui renonce à légiférer sous la pression des centristes sur la déchéance de la nationalité alors que cette disposition était pourtant l’une des mesures phares du discours du chef de l’Etat à Grenoble, en juillet 2010, la prise de distance d’un nombre croissant de ministres qui se tiennent à se démarquer de la ligne sarkozyste (Alain Juppé, Roselyne Bachelot, François Baroin, Valérie Pécresse, Nathalie Kosciusko-Morizet, Laurent Wauquiez…), qui se propage également dans les rangs mêmes de la majorité présidentielle en dehors du gouvernement… et risque de fronde de même nature sur la question de la suppression de l’ISF et du bouclier fiscal alors que le Président en avait fait dès 2007 pour cette dernière disposition sa mesure emblématique… et de sa suppression un casus belli.
La coupe semble pleine et la ligne jaune serait dépassée selon Gérard l’analyste qui, tout en restant courtois et poltiquement très correct, tente de nous démontrer qu’il y a une réelle crise de confiance entre la majorité et le Président, et que celui-ci ne serait plus à même de la représenter dignement et, surtout, efficacement.
Selon Gérard, qui parle d’une union de façade (et je suis enclin à lui donner raison au travers d’épisodes de rébellion de plus en plus fréquents et ouverts, l’UMP serait en train d’exploser alors que les « néogaullistes et une bonne partie des centristes, les bonapartistes et les orléanistes, les libéraux et les populistes, à quoi il avait ajouté, à l’été 2009, les souverainistes de Philippe de Villiers et les « chasseurs », toujours bons à enrôler » seraient en train de se désolidariser. Le président, malgré son activisme, aurait perdu le contrôle… D’autant plus que ces dernières cantonales ont vu le FN lui tailler des croupières malgré sa drague éhontée des thèmes de ce parti xénophobe.
Cette analyse semble partagée par l’auteur de l’article de l’Express (je ne sais pas qui c’est puisqu’il est signé d’un certain… AFP) qui tient à préciser que lors d’une réunion de cadres UMP, le chef de l’état aurait prévenu que « Ceux qui mettent en cause la famille politique sont ceux qui ne se battent pas pour elle et ceux qui voudraient mettre en cause l’unité de notre famille ne le feront pas avec notre complicité« . « Plusieurs ténors centristes ou gaullistes sociaux de la majorité ont dénoncé, en privé ou en public, « la droitisation de l’UMP« , qui selon eux fait le lit du Front national ». Je ne peux que confirmer cette analyse, comme je l’ai déjà martelée dans plusieurs billets, estimant que la répétition a des vertus pédagogiques envers les idiots qui seraient tentés de me lire (non, pas vous ! Les autres…).
Même Christian Estrosi, qu’on peut difficilement suspecter d’antisarkozysme primaire, a d’après l’Express évoqué un « échec » de l’UMP lié selon lui à « une question de ligne et de stratégie« .
Quand à l’ex patron des radicaux André Rossinot, il aurait même « lancé un ultimatum à l’UMP en lui donnant un mois « pour changer« . Deux proches de Jean-Louis Borloo au Parti radical, le député Laurent Hénart (secrétaire général des radicaux, ndla) et l’ex secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme Rama Yade, ont estimé que l’échec des cantonales confortait la démarche de M. Borloo « de constituer une force politique nouvelle« .
Pourtant, face aux centristes et autres démocrates de l’UMP, le nabot reste imperturbablement droit dans ses bottes : « C’est très bien de débattre sur l’emploi et la justice sociale pour autant il ne faut pas abandonner le thème de la laïcité« , a insisté le chef de l’Etat. Effectivement, c’est d’une grande actualité… Il a urgence à débattre de ce qui peut mettre el feu aux poudres… Parait que même Borloo, comme d’autres à ce sujet, a été bouleversé par ce qu’il a pu entendre en se rendant à la Grand e Mosquée de Paris pour entendre ce qu’avaient à dire
Il est donc bien possible qu’en cas de maintien du (pseudo) débat sur la laïcité qui cache si mal son histoire comme je l’ai déjà écrit ailleurs, et qui concentre une grande part des tirs croisés et nourris tant de la gauche que de la partie la plus démocrate de la droite, on assiste effectivement à une décomposition d’un parti créé de toutes pièces en 2002 pour soutenir la candidature de Jacques Chirac. Une nouvelle force au Centre ? Voilà qui changerait la donne, à un an des élections… sans compter la candidature de Hulot.
Mais ça, c’est une autre histoire…
Quant à moi, on ne m’ôtera pas de l’idée que… (voir ici) au risque de passer pour un fou (à présent, moins…).
(voir aussi : L’UMP, cette maison insalubre… ).