La vieille mourante
Coffrée dans ton lit-cage
Livrée aux mécaniques
Vieille ô si vieille
La mort hésite à t’accueillir
Tête burlesque
Sous les vrilles des cheveux blancs
Un sirocco de rousseurs ensable ta peau
Des rides rapiècent tes joues
Ta bouche n’est qu’un puits
Tu happes l’air
Ton coeur perd substance
Ton horizon se détisse
Ta chair t’engloutit
Vieille ô si vieille
Où sont ceux qui t’aimaient ?
Ta route fut trop longue
La mort les a surpris
La vie les a rongés
Une main est pourtant là
Qui recouvre la tienne
Son toucher traverse
Tes brumes d’agonie
Une voix t’accompagne
Vers le lieu sans âge
Que le temps n’assiège plus
Laisse tomber tes défroques
Quitte en douceur l’enclos
Va à perte de vue
Rejoins l’ultime flottille
Qui cingle vers l’inconnu.
(Andrée Chedid)