Pourquoi dit-on parfois à l'ancienne ""Tout un pataquès!", s'agissant d'un genre d'embrouillamini, ce qui j'en conviens, n'est pas beaucoup plus moderne, ou alors un boxon pour nib, ou parfois, une faute de prononciation (chez les gens qui z'y font gaffe) ?
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Une production de l'Atelier de Création Grand-Est de Radio France. Texte, voix, réal.: Serge Fournel. Coach: Max Chari.
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On était bien, tranquille, puis quand on s’est retrouvé entre quatre-z’yeux, je lui ai dit que j’en avais acheté pour cent z’euros, des z’haricots en promo . Elle qui me dit «T’es dingue ! C’est plus t’à toi de faire les courses ! ». « Merci, t’es trop z’aimable ! » que j’ui dis. On va pas t’en faire tout un pataquès !
Mais qu’est-ce qui passe ? Un quoi ? Un pataquès ? Comme tout cela est z’étrange ! Par où nous est arrivé ce drôle de mot rimant avec tiroir-caisse, Marcel Merkès et paires de boules Quiès ? j’y suis ! C’est les conquistadors.
Mais oui, c’est ça ! En revenant de chez les Incas, Pizarro a offert à la reine d’Espagne, vers 1542, un perroquet qui parlait un sabir, un charabia auquel personne ne comprenait rien. Et le volatile répétait sans cesse « paaataquès ! « Paaataquès ! » D’où le drôle de mot qu’on a là !
Eh bien non, C’est vous, mon bon, qui êtes z’un cas ! suivez-moi ! C’est au XVIIIème siècle que voit le jour notre pataquès, dans une petite anecdote évoquée par le grammairien Domergue. Celui-ci raconta l’histoire d’un spectateur dans un théâtre : « ce plaisant trouve sous sa main un éventail et le propose à sa voisine de droite, qui répond « Ce n’est point-z’à moi », puis à sa voisine de gauche, qui lui dit « Ce n’est pas t’à moi ». Et le monsieur de conclure « Puisqu’il n’est point z’à vous et qu’il n’est pas t’à vous, ma foi, je ne sais pas t’à qui est-ce ! ». Cette histoire de vilaines liaisons mal-t’à-propos eut un vif succès, et donna « faire un pataquès ». C’est aussi le nom qu’on donnait dans les imprimeries au mastic, à l’erreur d’impression.
Or donc... cette faute grossière de langage est au départ une petite histoire de grammairien. Pour être précis, on appelle ça un cuir, quand on ajoute un T, un velours, quand on ajoute un Ze. C’est devenu ensuite un embrouillamini, une gaffe, un impair, et « faire des histoires pour rien ! Tout...z’un pataquès !
Voila ! En un mot comme en cent, c’est ça !