« Il n'y a que cela qui fasse tenir le monde debout, la fidélité des hommes à ce qu'ils ont choisi. »
Durant des années, les scientifiques ont baptisé les ouragans et les tornades de prénoms uniquement féminins. Les catastrophes naturelles qui dévastent, détruisent, piquent des crises incontrôlables ne pouvaient être que femelles.
« J'en ai vu passer plusieurs, toutes avec des noms de filles, des noms de traînées, oui je les reconnais à l'odeur, à ce qu'elles charrient, je sens leur force et je peux vous dire que celle-là sera une affamée, une vicieuse, une méchante. »
Katrina est l'une de leur petite fille. Lorsqu'elle s'abat sur la Nouvelle Orleans, les voix d'une dizaine d'hommes et de femmes vont s'élever jusqu'au cœur du lecteur. Si l'histoire n'était pas réelle, Ouragan aurait été un thriller fantastique. J'ai plusieurs fois hésité avant de le découvrir. Je chérissais le souvenir de Zola Jackson de Gilles Leroy.
Roman polyphonique, Ouragan nous parle de la lumière que l'on trouve dans les ténèbres, d'un peuple brisé, d'une ville que l'on secoure à coups de pesticide, d'un État dont la violence de son Histoire hante encore les rues. Les fantômes du passé, le spectre de la mort, l'obscénité du Bien qui souhaite avant tout absoudre, les mots qui tuent, les silences rédempteurs.
L'écriture est fluide, aiguisée, sans apparat. La langue est sublime même quand elle décrit l'horreur. J'emporte avec moi les belles pages de fin, le don de Keanu à Rose et bien évidemment Joséphine Linc Steelson. Elle est assise à côté de Zola.
Actes Sud, 188 pages qui me hantent encore, 2010
Extraits...
« Moi, Joséphine Linc. Steelson, pauvre négresse au milieu de la tempête, je sais que la nature va parler. Je vais être minuscule, mais j'ai hâte, car il y a de la noblesse à éprouver son insignifiance, de la noblesse à savoir qu'un coup de vent peut balayer nos vies et ne rien laisser derrière nous, pas même le vague souvenir d'une petite existence. »
« Rien n'a changé. Des nègres sans rien, qui lèvent les yeux au ciel pour implorer la pitié, c'est toujours ainsi que souffre le monde. ».
«Je suis Josephine Linc. Steelson. Je monte dans le bus avec l'Amérique tout autour de moi, sur mes épaules, dans mes cheveux et j'ai le regard dur. Personne n'a osé m'aider à monter parce que je suis altière. Une princesse nègre aux cheveux blancs qui quitte son pays sans trembler parce qu'elle sait qu'elle l'emporte avec elle. Et la Louisiane monte avec moi, les bayous, les jacinthes et leur odeur écœurante, le corps jamais retrouvé de Marley, les regards d'insulte dans le bus, l'ivresse de la victoire après des années de lutte et même le vent, tout monte, je ne laisse rien derrière moi. Je suis la Louisiane, les flots et l'ouragan, les hommes me laissent passer, bouche bée »
Bien d'autres avis... ici.
Interview de l'auteur par arte...
Par Theoma - Publié dans : Romans français - Communauté : Litterature
Ecrire un commentaire 25 - Voir le commentaire - Voir les 25 commentaires - Partager ' ); YAHOO.util.Selector.query( 'input', dial.getEl(), true ).focus(); }, this, true ); return false; " title="Partager par adresse simplifiée"> Précédent : Poèmes – Jean Tardieu / Poèmes – Max... Retour à l'accueil Suivant : Oh ! L'espace, Oh ! Le corps humain