On aime les réponses uniques.
Parce qu’elles dispensent de trop réfléchir.
Parce qu’on aime la simplicité. Sans doute par paresse d’esprit.
Les réponses multifactorielles, complexes nous compliquent l’existence.
Elles apparaissent moins claires, plus floues, quand bien même sont-elles plus complètes.
Elles n’ont pas la vertu de rassurer que possède le côté abrupt, péremptoire, direct que l’on croit attaché aux réponses d’une seule pièce.
Ce qui fascine dans LA réponse, dans L’EXPLICATION, c’est l’air de définitif qu’elle porte en elle et qu’elle nous offre, qu’elle nous sert sur un plateau.
Pour formidablement stimulants qu’ils soient, l’incertitude et le doute provoquent encore bien des allergies !
Pauvres petits bonshommes, si déstabilisés par le fait qu’une femme pense, parle, soit sûre d’elle !
En tant que mammifère mâle, l’homme a besoin d’impressionner (voire d’intimider) l’autre sexe. Tout cela, en somme, fait partie des bonnes vieilles parades séductrices, destinées à exhiber sa force et, ce faisant, à démontrer la qualité de ses gènes.
Dans la nature, une telle exhibition est ressentie comme « attirante » par les femelles, elles aussi programmées en vue de la sélection des meilleurs partenaires, dotés des meilleurs gènes.
Pour l’homme, une femme qui ne l’admire pas le prive de son pouvoir de séduire.
Si elle en sait autant ou plus que lui, comment pourra-t-il l’impressionner ?
Si elle ne se sent pas « petite femme », mais femme de tête, quel besoin aura-t-elle de lui comme « protecteur » ?
Nul besoin de faire intervenir, dans tout cela, l’ombre de quelque soi-disant « mère castratrice ».
Faire appel à notre atavisme bestial est largement suffisant.
Certains passent leur temps à se préoccuper de leur mieux-jouir et de leur toujours-mieux-être.
Tandis que d’autres se débrouillent (ou non) avec le strict minimum.
Quel écart !
Pour ne pas dire : « quelle obscénité » !
Personnellement, quand j’entends toutes les incitations à n’écouter que ma seule aspiration au « plaisir » et à « l’insouciance » que me distille le pays privilégié où il se trouve que je vis, j’ai fréquemment une rageuse envie de me boucher les oreilles.
L’humanitaire est ce qui soulage les nantis de leur (éventuelle) mauvaise conscience.
On fait de l’humanitaire, on se sent mieux, et on ne touche pas au système. Cela permet en outre d’asseoir sa supériorité paternaliste.
Les puissants (les tout-puissants) sont en outre généreux, ce sont des dieux – quelle farce !
La France est particulièrement attachée à ce genre de dédouanement.
Les notions de Bien et de Mal, à l’échelle cosmique, ne veulent rien dire.
Construction et destruction sont deux forces qui s’équilibrent pour sculpter le monde.
L’Homme prétend réfléchir, mais, tant que son esprit demeurera captif ou à tout le moins attaché à des notions étriquées, naïves et elles-mêmes prisonnières de sa propre nature, il ne pourra pas comprendre la marche de l’Univers, qui le dépasse infiniment.
La froide science – qui rebute tant certains esprits « humanistes » - est sans doute le seul « cadeau » - si cadeau il y a – que nous ait concédé l’indifférence divine.
Dieu ?
Ni bon ni mauvais.
C’est l’Homme qui voit le bon et/ou le mauvais en lui.
L’Homme est obnubilé par son obsession de lien, de religion (au sens premier, littéral du terme). Aussi l’idée d’un dieu lointain, destructeur et indifférent, cosmique lui est-elle insupportable. Aussi rabaisse-t-il l’idée de dieu à son niveau, s’imaginant, assez naïvement, que c’est ce qui l’aidera à s’en rapprocher.
Comme il veut parler à Dieu, l’être humain veut à tout prix faire parler ce dernier.
Mais le mutisme, le silence obstiné de l’entité suprême le déconcertent.
Alors, par dépit, il réagit en l’assimilant à une absence.
Les êtres humains qui ont le mieux compris l’essence de dieu sont les Hindous.
Eux seuls savent le vénérer dans la splendeur de son indifférence.
Eux seuls savent qu’il est à même de revêtir tous les aspects, jusqu’à celui du néant même.
Eux seuls savent qu’en lui toutes les contradictions (apparentes) se dénouent, s’abolissent, que la notion même de contradiction, d’antagonisme se réduit en dernier ressort à une malheureuse coquille vide au même titre que tous les autres leurres.
P.Laranco