Quant à l’Écrêté, son mentor, il y a laissé ses dernières belles plumes. Comme chez le volailler à l’étal de la rue du Marché-aux-Œufs, ses opposants ne lui ont laissé que celles qui ornent la tête et la queue, mais pour le reste, il n’a plus que la peau à nu. Et ce n’est pas celle d’un perdreau de l’année. La marque des coups l’a bleuie ça et là. « C’est pas ben biau ! » diraient les Verts. La voix est éraillée, le cocorico anémique, la posture arc-boutée grotesque.
Car, au-delà de l’échec cinglant dès le premier tour de son poulain Jacky Bidault dont il supervisait la campagne jusque dans les moindres détails, c’est bel et bien un désaveu de sa personne et de ses méthodes que les électrices et les électeurs ont exprimé dans les urnes. Désaveu du mépris et de l’arrogance dont fait preuve depuis trop longtemps ce hobereau des temps modernes en organisant la vie publique autour de ses intérêts personnels. Désaveu encore de ses méthodes clientélistes qui font de son entourage des obligés. Désaveu enfin de son comportement tyrannique et des sanctions impitoyables que lui, petit féodal vindicatif, inflige à quiconque émet à son égard, la moindre pensée critique ou tente de s’opposer à lui, voire de se dresser en travers de son chemin.
De cette façon de faire de la politique, les Lovériens, comme les Français dans leur ensemble, en ont assez. Des projets pharaoniques, hors d’échelle d’une ville de 18.000 habitants, pour servir l’égo démesuré du maire, ils savent déjà qu’il leur appartiendra d’en régler l’addition. Ils le savent d’autant mieux qu’ils ont vu leurs impôts locaux augmenter de 9% puis de 4,5% au cours des deux dernières années. Et de combien pour 2011 ? Ce n’est certes pas un hasard si le débat d’orientation budgétaire a été reporté au lendemain des cantonales. L’Écrêté manipule encore ses administrés, mais l’Escamoteur a perdu la main. Deux fois de suite qu’il rate son tour aux cantonales. Il ne sait plus que différer la prise en compte des problèmes. Expert es-basses-cours, il persiste cependant à n’apporter aucun crédit à la volaille qui fait l’opinion. Cela ne lui sera pas pardonné. »
Reynald Harlaut