Le bobo, suite.
Que fait-il le dimanche matin, quand reviennent les beaux jours ? Il part en foire à tout
(FAT).
Foin de grasse mat', au diable le croissant-Ricoré familial. Réveil à l’aube, comme à l'armée. C'est le seul
moyen d’esquiver la foule et les poussettes, pollution notoire.
Chaussée de souliers tout-terrain, munie de sacs xxl, l'armée des bobos se met en branle. C'est à qui
dégotera la lampe sixties assortie au canapé vintage trouvé la veille sur un bout de trottoir,
et le flight jacket patiné comme il faut à deux francs six sous.
Tous les coups sont permis : doublement à gauche, queue de poisson, accélérations éclairs. S’agirait
tout de même pas de se faire piquer sous le nez ce 45 tours des Stones repéré à dix kilomètres sud-sud-est. Point non plus de scrupules à arnaquer la petite vieille qui se débarrasserait sans le
savoir d'un Rembrandt. La meilleure défense c'est l'attaque. Un seul mot d’ordre : marchander pour obtenir. Plus on entassera, mieux ce sera. Quitte à revendre (à perte) à la prochaine brocante
ce qu'on rachètera (plus cher) ensuite. La FAT est une discipline échangiste et circulatoire.