L’Amérique aime exposer ses blessures. Et en tirer immédiatement de grandes leçons. C’est un peu l’idée du premier long métrage de John Wells, précédemment scénariste solide de séries (E.R., Shameless, The West Wing…) et réalisateur d’épisodes. La crise vu par ceux qui en ont soufferts, oui, mais pas question de descendre trop bas : on reste au niveau des costumes cravates.
Ben Affleck et ses amis (patrons) sont donc de vaillants cadres type années 90, golf et Porsche au quotidien, belle maison de banlieue pour la petite famille modèle. Jusqu’au licenciement sec, en temps de crise. Et oui, pas facile d’encaisser, mais surtout de comprendre qu’il se retrouve comme tout le monde au niveau de la recherche d’emplois. Et les mois passent.. The Company Men nous confronte également aux durs atermoiements des patrons (sic), entre l’odieux PDG capitaliste indifférent, et ses amis de toujours, un cran en-dessous, qui vont devoir faire le deuil de la belle époque.. et des amis perdus. Alors oui, il est bien beau de voir ici une partie des cadres avoir des sentiments, mais aucune remise en cause réelle. Au final, Affleck décide de passer le temps en faisant de la main d’œuvre auprès de Costner, beau geste où l’on comprend qu’il faut bien payer son loyer en attendant de retrouver un « vrai » travail.
Pas forcément clean sur le fond, The Company Men n’a pourtant rien à se reprocher sur la forme. En plein Boston, ville symbole d’une époque révolue (ville industrielle par excellence, et de Ben Affleck aussi), Wells filme les errances de sa bande de chômeurs en parenthèse enchantée, où les durs sacrifices de la vie moderne se font jour dans les temps de disette, tout cela symbolisé par la revente de la Xbox du petit. Oui, le discours ne touchera pas réellement les classes populaires, mais dans l’exemple de la réussite à l’américaine, le golden boy retrouvera au final sa place. Un peu trop timide pour réellement aborder les problèmes de son époque, le film suit sa très belle bande d’acteurs sur ces quelques mois de remise en cause, entre déjeuners familiaux de weekend et réunions de conseil. Pas de grand bouleversement à l’horizon. Formaté comme une saga américaine classique, The Company Men pourrait intéressé par sa découverte de quelques rouages du système social (hem..) US, surtout ses faiblesses, sans réellement le critiquer. On aurait aimé voir plus, mais le coup de poing reste bien mou.
L’american dream vivra, donc.