Le Turkménistan, petit pays d’Asie Centrale de l’ex-Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS), connait de gros changements, dans sa capitale notamment, Achgabat. Retour sur une évolution originale.
L’ancienne république socialiste soviétique la plus occidentale après le Russie, le Turkménistan, a connu son indépendance après la chute de l’URSS en 1991 et a, depuis lors, fortement développé son économie autour des hydrocarbures puisque le pays dispose de la cinquième plus importante réserve au monde de gaz naturel et que le pétrole représente 60% de ses exportations. L’extraction de ces ressources énergétiques ne servant que peu à la population domestique, l’essentiel de la production est destiné aux exportations, à l’image du pétrole. Les recettes liées à ce commerce ont permis, depuis une vingtaine d’années de rénover de nombreuses villes du pays dont Achgabat, la capitale.
La rénovation de la capitale est permanente: le premier président après l’indépendance, Niazov, en place jusqu’à 2006, a largement contribué à ces changements. Il s’est non seulement servi des rentes du gaz naturel pour construire un nouveau palais présidentiel mais a totalement reconstruit Achgabat. La destruction des habitations des citadins s’est souvent faite sans leur accord et sans dédommagements pour qu’ils puissent retrouver un logement et a précédé la construction d’immeubles et autres gratte-ciels. La structure de la ville a, elle-même, totalement changé: des numéros se sont substitués aux noms des rues remémorant l’histoire du pays à l’exception de ceux faisant référence au nom du président ou à sa famille. La restructuration de l’espace urbain est aussi passée par la construction de zones d’habitations spéciales réservées aux fonctionnaires et à la nomenklatura. La cohérence de l’ensemble que formait autrefois Achgabat et qui permettait la cohabitation de plusieurs ethnies n’est maintenant plus qu’un lointain souvenir et laisse place à un sentiment d’insécurité au sein de la capitale.
La sécurité est par ailleurs un autre point qu’ont voulu privilégier tant l’ancien président que l’actuel Berdymoukhammedov. De fait chaque quartier dispose d’un certain nombre de policiers affectés dans des guérites. Répression et suspicion sont les mots d’ordre des gardiens de la paix après 23h, ce qui fait d’Achgabat une ville morte passés les vingt-deux heures. Sécurité policière n’implique pas nécessairement sécurité de la population puisque la plupart des récentes constructions ne disposent pas de système antisismique dans ce pays pourtant fortement touché par les tremblements de terre. De même si les agences immobilières promeuvent des immeubles « de standing » ceux-ci ne sont pas toujours dotés du confort moderne: l’eau courante, les ascenseurs ou encore le service de collecte des ordures sont encore bien rares. Le confort le plus répandu dans la ville depuis l’indépendance est la télévision parabolique, seul moyen de s’informer de ce qu’il se passe dans le monde, mais ne concerne encore une fois qu’une mince proportion de la population.
« Achgabat la Blanche » reflète bien aujourd’hui en son sein les disparités de l’ensemble du Turkménistan dues à la mauvaise allocation des recettes de l’exploitation des hydrocarbures. La capitale rénovée est, à l’image du développement économique du pays, toute d’apparat vêtue.
M.F.