Cette étude, menée par des chercheurs de l'Université de Newcastle (Australie) et autres centres de recherche d'Australie et de Nouvelle-Zélande, débutée il y a une décennie, a utilisé une dose de rayonnement inférieure à celle actuellement utilisée. Elle va dans le sens de la recommandation des National Institutes of Health américains qui suggèrent déjà que les hommes atteints de cancer de la prostate localement avancé devraient bénéficier de 3 à 6 mois de ce type de traitement néoadjuvant avant et pendant la radiothérapie.
Cet essai contrôlé randomisé de long terme (10 ans) sur l'efficacité de la thérapie anti-androgénique (goséréline plus flutamide) avant la radiothérapie pour le cancer de la prostate avait publié ses premiers résultats à cinq ans de suivi (the Trans-Tasman Radiation Oncology Group [TROG] 96.01 trial) suggérant alors que 6 mois de thérapie anti-androgénique étaient liés à une réduction des métastases et du risque de décès lié au cancer. En fait, les chercheurs ont comparé 3 thérapies pour le cancer de la prostate localement avancé sur 818 hommes âgés de 41 à 87 ans, la radiothérapie seule, 3 mois de thérapie anti-androgénique associée à une radiothérapie, 6 mois de thérapie anti-androgénique associée à la radiothérapie.
Les participants ont été randomisés et suivis pendant 10 ans. La thérapie anti-androgénique se composait de deux médicaments appelés goséréline (3,6 mg administré par injection sous la peau une fois par mois) et flutamide (250 mg comprimés administrés par voie orale trois fois par jour). Le groupe ayant reçu 3 mois de thérapie anti-androgénique a commencé ce traitement deux mois avant le début de la radiothérapie. Le groupe ayant reçu 6 mois de thérapie anti-androgénique a commencé ce traitement 5 mois avant le début de la radiothérapie. La radiothérapie était identique pour les 3 groupes. Après avoir reçu la radiothérapie, les participants ont été évalués tous les quatre mois pendant les deux premières années, puis tous les six mois sur les trois années suivantes, avec toucher rectal et mesure du taux sérique de PSA.
Les résultats: Au cours du suivi, 334 décès ont été recensés, dont 159 étaient dus au cancer de la prostate. 33 décès dus au cancer de la prostate sot intervenus dans le groupe de des “6 mois” (11,4%), 56 dans le groupe “3mois” (18,9%), et 70 décès dans le groupe radiothérapie seule (22,0%). Les chercheurs constatent que 6 mois de thérapie anti-androgénique réduit la probabilité de décès de cancer de la prostate au cours des 10 années de suivi, mais que 3 mois n'apportent pas ce bénéfice de survie mais tout de même une réduction du risque de progression locale.
Le risque de décès par cancer de la prostate au cours du suivi s'élève à 51% de moins pour 6 mois de anti-androgénique (goséréline plus flutamide) associée à une radiothérapie par rapport à la radiothérapie seule (HR: 0,49, IC: 95% de 0,31 à 0,76).
NB: Cette étude a été financée par le Ministère de la Santé australien et les laboratoires fabricants des deux médicaments utilisés dans l'étude, AstraZeneca et Schering-Plough.
Sources : The Lancet Oncology, Early Online Publication, 25 March 2011 doi:10.1016/S1470-2045(11)70063-8 “Short-term neoadjuvant androgen deprivation and radiotherapy for locally advanced prostate cancer: 10-year data from the TROG 96.01 randomised trial”.doi:10.1016/S1470-2045(11)70072-9 “Androgen deprivation before prostate radiotherapy: how long is long enough? “, TROG (Visuels)