Avant toute chose un petit rappel chronologique : le premier Louvre est une forteresse voulue par le roi Philippe-Auguste en 1190. Près de deux siècles plus tard, le roi Charles V transforme cet ouvrage militaire en résidence royale.
Transportons-nous en 1356, nous sommes en pleine guerre de cent ans. Lors de la bataille de Poitiers le roi Jean II le Bon est capturé par les Anglais. Son jeunes fils Charles doit assurer la régence durant une période troublée. La défaite de la chevalerie française et les bandes de soldats pillards qui terrorisent le royaume provoquent de graves troubles. A Paris, lors d’une insurrection menée par le prévôt des marchands Etienne Marcel, les émeutiers envahissent le palais du dauphin et tuent ses conseillers devant lui. Dans les campagnes les paysans se révoltent contre les nobles rapaces qui les pressurent de taxes et sont incapables de les défendre. Cette période funeste se termine après que Charles négocie avec les Anglais le traité de Brétigny en mai 1360 par lequel Jean II, en échange de sa libération, cède à l'Angleterre le sud-ouest de la France et une partie du nord. Couronné à la mort de son père, en 1364, Charles V reprend la guerre contre les Anglais. Il a l’intelligence de confier le commandement de ses armées à Bertrand Du Guesclin qui mène une guerre « moderne » parfois proche de la guérilla et préfère prendre les places fortes de l’ennemi une à une plutôt que livrer des batailles rangées. Grâce à cette tactique la plupart des territoires sont récupérés. Entouré de conseillers avertis Charles établit des impôts permanents, relève la monnaie et renforce les institutions monarchiques
Charles V aime lire les livres et les commenter avec ses amis. Il augmente considérablement la collection royale de livres et crée la "Librairie du roi" qui préfigure la bibliothèque nationale. Dès son avènement il fait transformer le Louvre, en effet il garde un mauvais souvenir du palais de la cité que les émeutiers d'Etienne Marcel avaient envahi durant sa jeunesse. Le Louvre devient alors un cadre de vie de cour et un espace pour le cérémonial royal. C'est là qu'on aménage la "Librairie du roi" dans trois étages de la tour de la Fauconnerie. Face au grand portail il y a la tour de la vis, un escalier d'honneur permettant de gagner directement, de l'extérieur, le premier et le second étage du logis du roi. Le roi fait placer son portrait dans le palais à l’image de ce groupe où Charles V est accompagné de sa femme Jeanne de Bourbon. Cette oeuvre, sans doute destiné au portail oriental du palais, est entré dans les collections du musée en 1904. On la retrouve aujourd’hui dans la section des sculptures médiévales de l’aile Richelieu.