La Piste des Géants : un western épique et culte

Par Cineblogywood @Cineblogywood

En DVD : "When the legend becomes fact, print the legend", conseillait le personnage interprété par James Stewart dans L'Homme qui tua Liberty Valance (1962). Avec La Piste des Géants (The Big Trail, 1930), Raoul Walsh représente la légende de l'Ouest mais avec beaucoup de réalisme.
Ce grand film épique sur une caravane de colons traversant l'Ouest sauvage est l'un des premiers westerns parlants, qui plus est, tourné en extérieur - une prouesse technique pour l'époque. A l'instar des somptueux paysages traversés par les colons, tout est immense dans ce film : le convoi de caravanes, le nombre de figurants... Pas de demi-mesure pour raconter l'un des mythes fondateurs des Etats-Unis, la conquête de l'Ouest.
Grandeur et humanité
Et pourtant, cette grandeur du sujet et des décors, cette débauche de moyens n'écrase pas les personnages. Pionniers, trappeurs et Indiens sont à l'opposé des caricatures ou des clichés engendrés par la légende. Ils sont vrais, c'est-à-dire profondément humains, animés par des émotions que peut comprendre et ressentir le spectateur de 2011. Le jeu des acteurs est très "naturel", à l'opposé de l'interprétation "surjouée" de bien des films de l'époque, encore marqués par les codes du muet.
Pour son premier grand rôle à l'écran, John Wayne incarne Breck Coleman, un trappeur qui prend part au convoi pour venger l'assassinat d'un de ces amis par un trio de malfaiteurs emmené par le chef des convoyeurs. Les armes vont parler. Le coeur aussi, puisque Breck tombe amoureux d'une jeune pionnière. Un pur western donc.
Epique d'époque
Pas d'esbrouffe non plus dans la mise en scène. Tout en sobriété, les plans sont composés avec beaucoup d'élégance, révélant de sublimes nuances de noir et blanc. On en prend plein la vue. D'autant que le convoi traverse montagnes abruptes, rivières arides et rivières déchaînées, obligeant les pionniers à se dépasser pour venir à bout de ces obstacles. Chasse au bison et attaque des Indiens sont également au rendez-vous. Autant de séquences spectaculaires qui s'associent parfaitement à des scènes plus intimes, sur la vie du convoi.
Ce grand et beau film, édité en DVD par Opening, est complété par des bonus riches d'enseignements : un brillant décryptage du film par Patrick Brion et deux documentaires, un peu plus maladroits dans la forme mais passionnants sur le fond. Laissez le souffle du Far Ouest envahir votre salon !
Anderton