Le mythe de l'orgasme est tenace. Qu'il soit intense ou synchrone, il demeure la preuve d'un rapport réussi. Mais peut-on jouir sans orgasme ? Comment prendre son pied ensemble dans cette danse au 7e ciel ? Hommes et femmes réagissent-ils de la même façon ? Petit voyage sous la couette.
"Chez nous, ça se passe toujours de la même façon. J'ai un orgasme, lui aussi, et ça s'arrête" confie Fran, la trentaine. La sexualité dans le couple se résume souvent à l'orgasme, comme unique but de la relation sexuelle. "Pour les hommes plus que pour les femmes", précise les sexologues. Selon eux, ces dernières seraient mieux équipées pour le plaisir sensoriel, et donc la jouissance. Alors qu'elle est la différence entre orgasme et jouissance ?
Mécanique ou volupté
Le cinéma, la littérature, la pub… nous vendent une vision du sexe sans tabou, où les orgasmes sont toujours plus intenses. Ainsi cette manifestation suprême du plaisir, serait donc la seule garantie de la qualité de l'échange ? En tout cas pour la plupart des hommes elle est essentielle. Comme en témoigne le rapport Spira sur la sexualité des Français, les hommes sont plus axés sur un accomplissement sexuel jusqu'à l'orgasme. "En effet, les glandes de volupté sont concentrées au niveau du pénis. Et l'éjaculation représente le pic de son plaisir masculin. Sans cette phase, il se sent frustré" explique le Dr Philippe Brenot. C'est comme ça, la plupart des hommes sont donc dans un acte moteur, sur un mode actif, et la sensorialité masculine est encore de type anecdotique sous la couette. Ça arrive mais c'est loin d'être la majorité. Il en va tout autrement de la femme, et là encore nos vécus X sont très différents.
Celle-ci se comporte sexuellement sur un mode volupté : elle peut jouir sans orgasme et dispose d'une palette infinie de plaisirs. D'ailleurs, le rapport Spira montre que seulement 35 % d'entre elles déclarent avoir un orgasme au cours d'un rapport. Portée naturellement sur la jouissance, plus complexe, sa sexualité fait appel aux sens, à l'imaginaire, à l'érotisme. La jouissance par sa richesse, se différencie du plaisir génital. Et témoigne souvent d'une maturité sexuelle.
Le plaisir n'est pas une performance (ou une course)
De nombreux couples vivent pourtant au rythme de l'éjaculation masculine, synonyme de plaisir pour l'homme mais aussi d'interruption du rapport. Bien entendu, la situation évolue, et l'éducation à la sensorialité est de plus en plus importante. Et il est sûr que la femme a un rôle à jouer, et pas des moindres sur la scène des 5 sens. Pour ne plus faire l'amour comme un sportif court un 100 mètres haies, avec beaucoup d'effort physiques, mais davantage d'écoute, être en relation avec tout le corps.
D'autant plus que cette course à l'orgasme est dangereuse, avertissent les sexologues. D'une part à force de faire de l'orgasme une finalité obligée, on risque de passer à côté du plaisir. D'autre part, cette obsession peut s'accompagner du fantasme de l'orgasme simultané : un mythe plus tenace qu'il n'y paraît. Or cette démarche donne la priorité au contrôle et coupe l'individu de son ressenti corporel et émotionnel. Quoiqu'on en dise, ce type d'orgasme est rare et en aucun cas ne doit devenir un objectif. C'est un cadeau quand il arrive !
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