Trois ans après White Fields And Open Devices et une tournée avec Oceansize, le quintette de Leeds nous revient avec un second album studio d’une précision redoutable, à l’image de sa pochette (superbe illustration de Luke Drodz). Enregistré à Dallas, toujours sous la patte experte de John Congleton (Explosions In The Sky, Maserati, This Will Destroy You…) et signé sur le petit label Cuckundoo, le disque révèle enfin un groupe au talent incontestable dans la droite lignée de Do Make Say Think et Broken Social Scene.
Une fois la première piste lancée, on se dit avoir affaire à un énième groupe de post-rock mais il serait beaucoup trop réducteur de classifier Vessels dans cette catégorie devenue le fourre-tout des formations de rock instrumental. Car Helioscope est à la croisée de plusieurs styles (alternatif, math-rock, indie, ambient) et parvient à nous tenir en haleine sur ses neuf titres – de longueurs variables – en alternant entre fureur à la force tellurique et interludes aériens. Aucun des morceaux ne s’étire jusqu’à l’ennui, tous captivent par leurs sautes d'humeur et leur soudain penchant à déconstruire l’harmonie instaurée. Le quintette est habile aussi bien dans la construction de thème planants que dans les riffs de guitares répétitifs et viscéraux exécutés la tête dans le guidon, dignes d'un Maserati.
À force d’écoutes, la musique de Vessels révèle toute sa sophistication grâce, surtout, à une section rythmique dantesque omniprésente d’un bout à l’autre. Le jeu nuancé de Martin Teff, souvent rejoint par Lee J. Malcolm, également guitariste, élève chaque morceau dans un trip jouissif et groovy. Déjà massive sur l’introductif "Monoform", elle prend des airs de cavalcade sur l’heavy "Art/Choke". Les synthés sont aussi largement à l’honneur, souvent triturés à l’extrême ("Monoform") ou simplement oniriques comme sur les arpèges d’ouverture de "Meatman, Piano turner, prostitute" en parfaite harmonie avec la voix suave du songwriter Stuart Warwick (Jacob’s Stories) invité pour l’occasion.
Vessels prend le temps d’intercaler des morceaux atmosphériques au développement progressif. Le plus réussi est, sans aucun doute, "All our ends" avec ses arpèges voluptueux de guitare, ses harmonies de voix – l’ombre d’Efterklang n’est pas loin – et son final aérien en crescendo où les éclats de batteries fusent de tous côtés ; les 8 meilleures minutes du disque ! Ces moments surgissent même à l’improviste entre deux thèmes furieux ("The trap") de manière à retarder l’explosion finale ou constituent un unique morceau : "Heal" avec ses nappes éthérées, si chères à Hammock, et son drone progressif. Les cinq musiciens savent donc relâcher la pression avant un soudain regain d'intensité.
En bref : malgré quelques petits airs de déjà entendu, Helioscope est un disque dynamique et nuancé qui fait de Vessels un groupe à suivre en espérant qu’il parviendra à transcender ses influences par la suite en larguant les amarres pour de bon.
"The Trap" en live au studio Abbey Lodge :
"Recur" :
"Meatman, Piano Tuner, Prostitute" (feat. Stuart Warwick) :
A noter : Vessels sera de passage en France pour 2 dates à ne pas manquer :
- dimanche 8 mai : L’International, PARIS
- lundi 9 mai : Le Saint Des Seins, TOULOUSE