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Pays après pays en Europe, les peuples se réveillent enfin et descendent dans la rue pour manifester leur mécontentement. Il n’est que temps qu’ils reprennent en main leurs affaires. Après que l’Union européenne a décidé quoi qu’ils aient voté, de ce qui serait bon pour eux, et quand bien même faudrait-il leur faire entrer le bonheur libéral dans la tête à coups de matraque.
Qu’il s’agisse de refuser les conséquences des plans de rigueur décidés par les gouvernements des États membres malmenés par la crise financière de 2008, sous la pression de l’Union européenne, comme à Londres, ou encore de manifester contre le nucléaire comme à Berlin.
C’est régulièrement le cas en Grèce, même si les médias se font très discrets sur le sujet. Cela, pensent-ils avec raison, pourrait donner des idées à d’autres… C’est aussi le cas de l’Irlande, l’élève modèle de l’Union européenne dont on ne cessait de nous vanter à Paris comme à Bruxelles, le dynamisme et les brillants résultats. C’est encore le cas au Portugal où le parlement vient de refuser de voter le quatrième plan de rigueur présenté par le premier ministre socialiste – socialiste, vous avez bien lu – José Socrates qui a démissionné. C’est désormais le cas en Grande Bretagne. Suivront dans l’ordre l’Espagne, puis la France.
Ils étaient 250.000 samedi à Londres, à manifester contre le plan de rigueur que le Parti conservateur de David Cameron tente d’imposer aux citoyens du Royaume-Uni. Du jamais vu depuis les grandes grèves de l’époque de Margaret Thatcher. Les Conservateurs, au pouvoir depuis mai 2010, tentent par tous les moyens de faire payer au peuple les conséquences de la crise financière dont sont responsables les banques et les grandes compagnies d’assurances. Lesquelles, déresponsabilisées par l’adhésion du précédent gouvernement de M. Anthony Blair aux politiques ultralibérales, ont joué l’argent des Britanniques au casino de la finance internationale. Et ont perdu. La chute du Parti travailliste de Gordon Brown en fut la sanction électorale, mais c’était pour nos amis britanniques tomber de Charybde en Scylla. Le choix pour eux entre la peste du Newlabour, libéralisme masqué qui n’ose pas dire son nom et a gangrené toute la sociale-démocratie européenne et le choléra des Tories, dans le prolongement de l’ultralibéralisme reaganien et thatchérien : celui qui a tout dérèglementé, mis en coupe réglée les services publics et jeté le pays dans les bras de la finance.
Dans le même temps, ils étaient 200.000 à Berlin, à manifester contre le nucléaire, quand bien même Angela Merkel a d’ores et déjà confirmé son abandon définitif pour la production d’énergie nucléaire en Allemagne. Ils ont manifesté car ils savent bien que la position de la chancelière allemande ne repose pas sur des convictions personnelles, mais sur un opportunisme politique. Le virage à cent quatre vingt degrés qu’elle a effectué sur le sujet depuis le début de la catastrophe de Fukushima en est la démonstration irréfutable.
La Révolution citoyenne a commencé. À nous d’y prendre part dès que l’occasion va s’en présenter, ce qui ne saurait tarder. Les mauvaises nouvelles dont le Gouvernement a retardé les annonces pour cause d’élections cantonales sont prêtes à sortir dès les prochains jours. »
Reynald HarlautParti de Gauche