De : Tim Burton.
Avec : Mia Wasikowska, Johnny Depp, Helena Bonham Carter, Anne Hathaway, Matt Lucas, Crispin Glover, Frances de la Tour, Geraldine James, Eleanor Tomlinson, Lindsay Duncan...
Avec les voix en V.O. de : Michael Sheen, Alan Rickman, Michael Gough, Christopher Lee, Stephen Fry, Barbara Windsor, Timothy Spall, Paul Whitehouse...
Avec les voix en V.F. de : William Coryn, Bernard Dhéran, Jean-Bernard Guillard, Bernard Alane, Blanche Ravalec, Vincent Grass, Pierre Tessier...
Genre : Fantastique.
Origine : États-Unis.
Durée : 1 heure 49.
Date de sortie : 24 mars 2010.
Synopsis : Alice, désormais âgée de 19 ans, retourne dans le monde fantastique qu'elle a découvert quand elle était enfant. Elle y retrouve ses amis le Lapin Blanc, Bonnet Blanc et Blanc Bonnet, le Loir, la Chenille, le Chat du Cheshire et, bien entendu, le Chapelier Fou. Alice s'embarque alors dans une aventure extraordinaire où elle accomplira son destin : mettre fin au règne de terreur de la Reine Rouge.
Autant être honnête de suite, ce "Alice au pays des merveilles" est à ce jour le film que j'aime le moins de Tim Burton. Pourtant, après l'avoir découvert au cinéma, je voulais tenter de le réhabiliter dans mon esprit et de lui laisser une seconde chance.
J'ai essayé mais rien à faire, je peine à m'attacher à ce film. Grossièrement, ça reste un divertissement classique mais j'en attends tellement plus d'un film de Tim Burton que cette nouvelle vision à accentuer un peu plus ma déception. Il y à le scénario d'abord. De nombreuses personnes sont attachés à ce projet et du coup, cette histoire écrite par Linda Woolverton d'après l'œuvre de Lewis Carroll s'avère être un melting pot de tout ça. On y retrouve un peu de Burton, un peu de Disney et beaucoup d'argent mis en jeu derrière qui fait que, assis entre deux chaises, ce film peine à avoir sa propre identité. Du coup, le spectateur est paumé en cours de route ne se trouvant pas devant un film de Burton et ne se retrouvant pas dans un film de Disney. Pire que tout, le scénario perd l'âme de ses créateurs à force de ne pas réussir à se mettre d'accord c'est ainsi que toute la poésie du cinéma de Tim Burton ainsi que toute la magie du cinéma Disney que l'on aime est ici totalement absent relevant même des fautes goûts qui personnellement m'ont gêné. Ainsi, dans les films de Burton "l'autre", "la personne différente" est en général traité avec respect et dignité. On lui accorde une grande importance avant de se rendre compte qu'on à beaucoup à apprendre d'elle (confère "Edward aux mains d'argent", "Ed Wood", "Big fish" pour ne citer qu'eux) tandis que dans ce scénario la différence y est montré avec médisance je trouve, de façon très grossière. C'est ainsi que les défauts des personnages sont pointés du doigt de part et d'autre comme étant une tare. On se moque de la taille de la tête de la Reine rouge, ses sujets préférant se grimé grossièrement pour lui faire plaisir et accentuer un peu plus sa différence pendant que la folie du Chapelier est montré sans aucune émotions allant même jusqu'à, le faire danser de façon ridicule. Tweedledee et Tweedledum sont eux carrément qualifier de "petits gros amusant" pendant que la folie de la tante d'Alice est sujet de moquerie dans sa propre famille qui n'hésite pas alors à la laisser seule dans son coin. Tout ceci sont que des exemples (il y en a d'autres) mais il m'ont vraiment gêné. J'aime la façon que Tim Burton cultive la différence dans ses films, comment ses histoires leurs donnes une force mais là, on montre juste un handicap qu'on tourne en ridicule sans aucun scrupules. Disney aussi perd de sa splendeur, c'est ainsi que sa belle morale (classique mais efficace) se retrouve absente également. Le film allant même jusqu'à être cruel je trouve quand par exemple la Reine Blanche déclare : "Nuire à un être vivant ne respecterai pas mes principes" pour juste après demander à Alice de prendre les armes à sa place afin de tuer le Jabberwocky qui revient à dire "Je ne tue pas je vaux mieux que ça par contre je cautionne que tu le fasse à ma place.". Cette même Reine Blanche pleine de vertue n'hésitant pas non plus à lui imposer alors son choix tout comme elle fera acte de cruauté aussi dans le sort finale qu'elle réserve à sa sœur (et qui évapore définitivement toute bonne morale). Du coup, dans ce film en plus d'être paumé je suis incapable de dire qui est vraiment bon ou pas dans cette histoire chacun ayant pour moi ses torts. C'est pas vraiment ce que je souhaitais voir (du moins pas dans ce genre de film) et du coup j'y ai jamais cru un peu comme Alice se disant sans cesse qu'elle finira bien par se réveiller. Ce qui reste de ce scénario alors ? Pas grand chose. Ça se regarde malgré quelques lenteurs et une intrigue qui tarde à se mettre en place mais même si je ne me suis pas ennuyé spécialement, j'ai pas été pris d'émotions vis à vis de ce scénario qui me laisse un arrière goût amer quand même surtout qu'il ne se passe pas souvent grand chose et que l'humour est tellement "balancé" dans le film que je n'ai pas vraiment souris...
Du côté de la distribution, on pouvait déjà sentir que le film allait être situé entre deux chaises, l'affiche mettant clairement en avant Johnny Depp (qui pourtant n'as pas le rôle le plus important) en reléguant Mia Wasikowska comme étant une simple actrice qui à de la chance de se trouver là alors que c'est sensé être l'héroïne de cette histoire (Je comprends la logique mercantile mais du coup ça accentue plus sur moi le fait que ce film ait été fait juste pour l'argent sans aucune recherche de plaisir derrière). Mia Wasikowska justement n'est pas forcément transcendante non plus ce qui ne l'aide pas à s'imposer. Certes, sa légèreté dans son interprétation permet de coller au côté naïf et innocent de son personnage mais l'actrice étant souvent un peu transparente (la faute au scénario aussi) quand celle ci doit faire preuve de force de caractère on y croit absolument pas. Johnny Depp quand à lui est relégué au rang de second rôle de luxe. L'acteur à beau être polymorphe, si il arrive à s'en sortir il n'évite pas le ridicule quand même. Dans d'autres mains ce personnage aurait pu être risible mais même si l'acteur sauve un peu les meubles, on est quand même loin d'assister à la meilleure performance de sa carrière. Anne Hathaway aussi est risible. Tout dans la surenchère, j'ai trouvé qu'elle jouait de façon fausse et ça ne m'as pas aidé à avoir de la sympathie pour son rôle déjà que la morale de son personnage me dérangé. Matt Lucas m'as en revanche bien plu. Son dédoublement offre des scènes sympathique et même si il n'ai pas aidé par ses dialogues je trouve qu'il s'en sors bien tout de même. Crispin Glover est pas mémorable lui aussi cependant le comédien bénéficie d'un certain charisme qui fait qu'il arrive à exister de façon plutôt correct à l'écran. Il est pas exceptionnel mais bon... D'une manière général, si les acteurs ont du mal à exprimer leurs talents c'est aussi parce qu'ils ne sont pas aidé avec leurs maquillages et leurs costumes. Je reviendrait sur ce point un peu plus tard mais on à du mal à les trouver crédible avec l'accoutrement qu'on leur à donné. La seule qui arrive un peu à tirer son épingle du jeu pour moi, c'est Helena Bonham Carter qui malgré ce qu'on lui inflige arrive à nous montrer plusieurs choses dans son jeu à travers sa gestuelle et son regard. Bien sûr, comme tout le monde, elle joue avec surenchère mais c'est son interprétation qui m'as le moins choqué. Du côté du "monde réel", peu d'acteur m'ont marqué (faut dire qu'on les vois rapidement au début et à la fin du film seulement) mais j'ai quand même apprécié Frances De La Tour. Niveau casting vocal, il y à de grands noms en version original et ses derniers sont très bons (peut être que le côté virtuel de leurs personnages fait que j'y ai mieux adhérer.). C'est ainsi que j'ai beaucoup aimé le timbre de voix de Christopher Lee pour le Jabberwocky tout comme la voix de Stephen Fry qui va bien avec celle du Chat du Cheshire. Timothy Spall fait aussi un Bayard attendrissant et sans doute l'un des personnages les plus humains ironiquement.
Pour la mise en scène, on sais que c'est un film de Tim Burton... parce que son nom est au générique. Sur le papier, ce sujet était parfait pour lui, cette histoire aurait pu lui permettre d'exprimer pleinement son univers mais au final on sens un étouffement qui fait qu'on ne ressens pas vraiment la patte du réalisateur. Il y à des scènes bien filmé je ne dis pas le contraire mais je n'ai pas retrouvé son monde poétique. En général chez le cinéaste, l'atmosphère est soit très sombre ("Sleepy Hollow, la légende du cavalier sans tête", "Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street"...), soit très coloré ("Big fish", "Pee wee big adventure", "Charlie et la chocolaterie"...) voire même une alliance très juste des deux ("Les noces funèbres", "Beetlejuice"...) mais dans "Alice au pays des merveilles", la nuance vire au gris. Les paysages qui pourrait être colorés sont ternes tandis que les scènes qui pourrait être sombre sont quelconques. Cette mauvaise exploitation des décors dans un univers aussi riche m'as d'ailleurs beaucoup surpris. Peut être est ce la faute à la 3D (car j'ai vu ce film en 3D aussi ;-) ) qui est un procédé que je n'aime décidément pas et qui ici n'as absolument aucune utilités. Les effets spéciaux sont vraiment très léger et même si certains petits trucs sont quand même réussis dans l'ensemble pour une telle production je suis quand même surpris du résultat parfois médiocre avec une lumière et une photographie assez laide par moment (je pense notamment à la scène dans la forêt entre le Chapelier et Alice qui utilise un mélange de gris et d'orange des plus affreux). J'ai vraiment pas accroché non plus aux différents maquillages qui n'aide vraiment pas les comédiens (trop d'excentricités sur le Chapelier, une balafre peu crédible pour le Valet, le noir sur la Reine Blanche qui rendent ses lèvres ainsi que ses sourcils affreux etc etc) et des costumes pas forcément de toute beauté (Alice qui garde ses tons bleus par exemple mais qui dispose d'une garde robe peu originale...). Quant à la bande originale, j'ai pas du tout reconnu le talent de Danny Elfman. C'est pas que la musique soit véritablement mauvaise c'est juste que les thèmes musicaux ont l'air aussi perdus que le scénario ce qui fait qu'on à du mal à vraiment y voir quelque chose se dégagé. La chanson d'Avril Lavigne qui clôture le film, sans être détestable, assume encore un peu plus le côté objet financier de cette œuvre.
Pour résumé, "Alice au pays des merveilles" m'avait laissé un arrière goût mitigé à sa sortie en salles et le fait de l'avoir revu ne l'as pas aidé car il a baissé encore un peu plus dans mon estime. Cela vient peut être de ma déception de ne pas avoir affaire à un vrai film de Tim Burton (sans doute étouffé par des producteurs plus attiré par l'aspect financier de la chose) alors que cette histoire était faite pour lui mais de toute sa filmographie à ce jour c'est sans nul doute son film que j'aime le moins et le seul que j'ai le plus de mal à revoir (alors que "La planète des singes" avait été un peu réhabilité à mes yeux par exemple). C'est un divertissement qui se regarde sans être mémorable mais qui nous laisse quand même avec une énorme frustration. Ça m'empêchera pas de le revoir si un jour j'en ai l'occasion car même déçu j'ai quand même vu des films bien plus mauvais que celui ci (c'est surtout le fait de ne pas retrouver le monde de Burton et/ou de Disney qui me gêne) mais j'attends quand même avec impatience le prochain long métrage du cinéaste afin de pouvoir passer à autre chose.