La moelle des villes
S’enfoncer dans l’étau d’une ville
Longer les parois de sa nuit
Marcher sur sa membrane d’asphalte
Avancer sous la dalle de son ciel
Arpenter ses méandres
Tressaillir de son cri
Forer l’os des solitudes
Se heurter au mutisme des seuils
Frôler l’arbre aux aguets
Se glisser dans la texture
Des pierres
Pénétrer la trame
Des murailles
S’imprégner des noces
Du fleuve et des pavés
Débusquer ses lueurs
Puiser sources sous son gravier
Faire émerger la Ville
De ses suaires
S’infiltrer dans sa moelle
Lui faire jour
Se faire jour !
(Andrée Chedid)
Illustration: Gottfried Salzmann