Après les élections cantonales, combattre quelques idées reçues !

Au soir du second tour des élections cantonales, je ne reviendrai pas sur les enseignements principaux, ils sont évidents pour tout le monde : une abstention massive qui traduit un profond désarroi et un rejet de la classe politique, une droite en pleine déconfiture, une gauche qui l'emporte sans enthousiasme et enfin un Frnt National qui confirme et amplifie ses scores du premier tour. Ce qui m'intéresse ici, c'est de revenir sur un certain nombre d'affirmations que l'on entend partout et qui sont autant d'idées reues voire de contre-vérités.

- Le vote FN serait devenu un vote d'adhésion :

Ca, c'est ce que les cadors s'évertuent à clamer sur toutes les antennes. Certes, le score FN augmente fortement partout entre les deux, mais avec une abstention massive, ne perdons pas cela de vue. Dans un scrutin perçu par les Français comme secondaire, nul doute qu'ils se sont servi au second tour du vote FN pour amplifier leur message. Aujourd'hui, la seule chose à laquelle adhère les Français, c'est à une méfiance profonde envers la classe politique, méfiance dont profite le FN.

- Le Front National devient un parti comme les autres :

C'est vrai si on en croit les médias. Pourtant, les sondages, avec toutes les réticences que l'on peut avoir contre eux, continuent à dire qu'une majorité de Français pensent que le FN est un parti dangereux, même si ce chiffre est en baisse. Surtout, les résultats indiquent clairement que même s'il progresse fortement entre les deux tours, à deux exceptions près, les Français ne veulent pas d'élus FN : le vote FN est donc un vote stéril, qui contribue à faire élire le candidat restant, de droite ou de gauche. Cette donnée risque d'avoir son importance en 2012.

- Les classes populaires votent massivement pour le FN :

De fait, d'après les enquêtes issues du premier tour, le FN aurait fait plus de 35 % chez les employés et les ouvriers. Il serait donc le premier parti dans ces classes sociales. Mais attention, il faut aussi rappeler que 70 à 80 % des employés et ouvriers se sont abstenus. Les classes populaires qui ont donc glissé un bulletin FN ne sont donc pas plus nombreuses que les autres. Simplement, elles rejettent plus massivement les partis traditionnels.

 - Il y a des passerelles entre l'électorat UMP et celui du FN :

 Visiblement, il y a eu des reports de voix assez importants de l'UMP sur le FN, ce qui n'est pas une surprise. Par contre, ce qui est en est une, c'est que le FN a progressé fortement dans tous les cas de figure, c'est à dire également quand il était opposé à un candidat de droite. Ce qui signifie qu'il a repris des voix aussi à gauche, mais également dans l'abstention. Cela confirme bien mon idée que le second tour a, comme le premier, servi dans une certaine mesure de défouloir. Toutefois, cela indique aussi que le FN a des réserves de voix pouvant aller jusqu'à 35 ou 40 %.

- Le PS sort renforcé de ce scrutin :

Tout indique clairement que non. D'abord au premier tour le PS est en baisse, la gauche ne devant ses bons résultats qu'au bons scores des écologistes et du front de gauche, ce qui indique bien que dans une certaine mesure, le PS a lui aussi été sanctionné. Ensuite, dans un tel climat politique, le PS ne gagne que quelques départements et réussit même à en perdre un (le mien en plus !). Enfin, la forte abstention, le score du FN, la résistance des alliés de gauche démontre qu'il n'y a aucune appétence pour le PS, ce qui a 1 an de la présidentielle est inquiétant.

- La droite aurait d'ores et déjà perdu la présidentielle :

Attention a l'emballement. Non, seulement l'UMP n'a rien perdu à part les cantonales, mais le PS n'a rien gagné et le FN n'est pas encore au second tour. D'une part, parce qu'il reste un an, ensuite parce que personne encore ne connît les candidats, et enfin parce que la présidentielle est une toute autre élection, où la participation sera bien plus élevèe.