L’Afrique et Kadhafi : enjeux économiques et financiers

Publié le 27 mars 2011 par Africahit

Avec plus de 100 milliards de dollars de réserves en 2009, la Libye est l’un des grands investisseurs en Afrique. Le tropisme kadhafien du continent y est pour beaucoup.

Kadhafi


La Libye reste, depuis les années 90, l’un des premiers investisseurs en Afrique, à travers diverses structures, dont la Libya Arab Africa Investment Company (LAAICO), suivie plus tard par le fonds LAP, la banque sahélo-saharienne et diverses structures. Les investissements de la LAAICO sont passés de 25 millions de dollars en 1991 à 1,5 milliard de dollars en 2008.

Investissements agricoles

Contrairement aux Chinois, qui investissent dans les industries extractives, les Libyens investissent en général dans le tertiaire (hôtellerie sur du foncier bien situé) et, de plus en plus, dans l’agriculture. Ce dernier créneau est devenu une priorité, avec des investissements conséquents au Mali, au Nigeria, au Tchad, etc. Au Mali, la Libye exploite 100 000 hectares de terres, à travers la société Malibya, dotée d’un capital de 56 milliards de francs CFA, soit 85 millions d’euros. Au Liberia, 30 millions de dollars ont été investis par la LAP via une ONG locale pour le développement du riz.

Vaste parc hôtelier

Depuis 2007, la LAAICO dépend de la Libya Africa Portfolio (LAP), au capital de 8 milliards de dollars, et qui voulait consacrer jusqu’à 5 milliards de dollars à l’Afrique. La LAP est une sorte de holding qui couvre la Oil Libya Holding Company, la LAFICO, Afriqiya et la Banque sahélo-saharienne pour l’industrie et le commerce (BSIC). Au Mali, la société LAFICO a racheté l’hôtel Amitié, l’un des meilleurs hôtels de la ville, devenu son QG dans ce pays, et qui a été rénové pour 24 millions d’euros. Autres hôtels rachetés, le Mariatou Palace, qui appartenait à Babany Cissokho, et l’hôtel Kempinsky Palace. En outre, un espace de 7 hectares est en cours d’aménagement à l’entrée de Bamako. A Lomé, les Libyens ont acheté récemment l’Hôtel du 2 Février, le plus grand établissement de ce pays avec ses 35 étages. En Gambie, les fonds libyens ont massivement investi dans l’hôtellerie, avec la construction du complexe Jerma Beach Hotel, la reprise de l’Atlantic Hotel et du Dream Park.

Télécoms et finance

En dehors de l’hôtellerie, la Libye a jeté son dévolu sur le secteur télécom, notamment au Tchad et en Zambie. Dans ce dernier pays, la Libye a acquis 75% du capital de la Zamtel, pour plus de 380 millions de dollars. C’est la plus grande transaction financière en Zambie depuis le début du processus de privatisation dans les années 90. L’acquisition s’est faite à travers la Lap Green Network.

La Libye a aussi investi dans de nombreux domaines, dont le projet spatial africain, RASCOM, où elle détient 61% des parts. Depuis juillet dernier, le riche état pétrolier a lancé un hedge fund depuis la City pour saisir les opportunités d’investissements en Afrique. Une quarantaine de traders rompus à la gestion alternative devaient être recrutés pour ce fonds baptisé FM Partners, géré par Frederic Marino, un ancien de Merril Lynch et Bear Stearns. Cette politique d’investissements de la Libye en Afrique était portée par Khaled Kagigi, directeur général du Libyan Arab Investments Portfolio (LAIP), Taher Siala, directeur général de LAFICO, Abdulbaset Elazzabi, directeur général de Lap Green Portfolio. L’ensemble des fonds libyens sont mis sous la tutelle de la Libyan Investment Authority, qui supervise et gère une bonne partie des réserves du pays.

MBF