L’Afssaps rectifie depuis quelques mois des notices de médicaments contre l’hypertension qui utilisaient le mot « race noire ». L’agence sanitaire invoque une mauvaise traduction européenne.
« Patients de race noire ». Une formulation qui peut faire bondir puisqu’il est admis qu’il n’existe aucune autre race que la race humaine chez les hommes. L’Afssaps, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, s’emploie depuis quelques mois à corriger un problème de traduction sur la notice de médicaments contre l’hypertension, révèle vendredi le quotidien régional La Marseillaise. Il est noté que ces médicaments auraient un effet moindre « chez les patients de race noire ».
Les médicaments concernés sont des antihypertenseurs contenant la molécule Sartan ou une autre, l’IEC. Le laboratoire Menarini France, qui commercialise l’un d’eux, affirme au quotidien que la mention des particularités ethniques du produit lui était imposée par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, Afssaps. Pour sa défense, l’agence sanitaire précise que la mention de la « race noire » dans les notices résultait de la traduction d’une procédure européenne d’autorisation de mise sur le marché. Le problème a été découvert avec l’arrivée de génériques de ces médicaments.
À l’été 2010, l’agence s’est saisie du sujet et va proposer au niveau européen des termes moins stigmatisants mais permettant toutefois une bonne information des patients concernés par ces différences d’efficacité potentielles des médicaments », souligne Fabienne Bartoli, adjoint au directeur général de l’Afssaps, interrogée par La Marseillaise.
La modification qui concerne un « très grand nombre » de produits commercialisés de longue date se fera progressivement au gré des renouvellements des autorisations de mise sur le marché. («L’Afssaps corrige la mention « race noire » sur des médicaments »)
On atteint là des sommets du « politiquement correct ». Presquʼun siècle après la « biologie stalinienne » de Lyssenko, les autorités françaises – sanitaires dans le cas présent – redécouvrent les délices du concept : la science subordonnée à lʼidéologie.
Rappelons – pour ceux (rares ?) qui voudraient encore échapper à ce lavage de cerveau – que les « races » humaines existent bel et bien. Même si le concept même de « race » a une définition biologique aux contours flous, il semblerait que la génétique confirme… ce que le bon sens commun avait perçu depuis des siècles. Pour les débats conceptuels à ce sujet, un premier aperçu se trouve là. En tout cas, lʼexistence de « débats » sur le sujet montre au moins quʼil nʼest pas du tout unanimement « admis quʼil nʼexiste aucune autre race que la race humaine chez les hommes ».Rappelons aussi que, pour certaines maladies, le risque nʼest pas le même selon la « race ». Idem pour ce qui est de lʼefficacité de certains médicaments. Il sʼagit là de constats factuels. Tout étudiant en médecine le sait.
Ne pas ignorer ces différences entre « races » est fort utile pour mieux soigner. Demandez, à toutes fins utiles, à un noir: voudrait-il être soigné de sa hypertension artérielle avec des médicaments inefficaces dans son cas, juste pour des raisons de « non-discrimination » ? Autrement dit : préfère-t-il mourir à 40 ans en tant que « blanc » ou bien vivre jusquʼà 80 ans en tant que « noir » (de grâce, ne me citez pas Michael Jackson comme réponse à cette question) ?
Le grand acquis de lʼhumanisme moderne à été de proclamer lʼégalité en droits des hommes, indépendamment de sexe, de race, de conviction religieuse, etc. Cette égalité en droits, pour sʼaffirmer, a dû combattre pendant des décennies les arguments qui « justifiaient » lʼinégalité des races : convictions sur des capacités intellectuelles (prétendument génétiquement plus faibles chez les noirs), sur « lʼinaptitude – génétique – des noirs dʼavoir une morale », etc.
En sʼembourbant dans ce genre de combats intellectuels, les partisans de lʼégalité en droits ont, hélas, perdu rapidement les pédales : se sentant obligés de réfuter tous les arguments adverses, ils se sont attelés à démontrer quʼil nʼy avait aucune inégalité naturelle entre les races. Et la confusion entre aucune « inégalité » et aucune « différence » est si facile à faire !
Ainsi donc, par glissements successifs, de confusions en amalgames conceptuels, on finit
de nos jours par avoir droit à lʼânerie monumentale que nous citons en début dʼarticle : puisquʼil nʼy a pas de différence, cʼest que les « races » nʼexistent tout simplement pas ! Sottise émanant – quel comble ! – non pas de la part de je ne sais quelle obscure association battant de manière hystérique le pavé mais de la part dʼune institution étatique, lʼAfssaps, dont les membres sont souvent bardés de titres universitaires.
Rappelons – y compris aux membres de lʼAfssaps? – quelques éléments de logique basique :
1. Deux individus peuvent être dʼégale « valeur » sans nécessairement être identiques. Michael Jordan est certainement meilleur au basket que Placido Domingo. Quand il sʼagit de chanter, cʼest lʼinverse. Ces différences fondent-elles une quelconque différence de droits ? On nʼa donc pas besoin de nier lʼexistence des différences entre les gens pour affirmer leur égalité juridique. Lʼégalité en droits ne nécessite aucune identité de « qualités ». Pour chaque « qualité » (talent aux calculs, force physique, talent musical, etc.) les gens sont naturellement « inégaux ». Jʼaurais beau mʼadresser au juge, il ne pourra pas imposer à ce que ma voix (de casserole trouée) soit considérée comme tout aussi belle que celle de Placido Domingo. (quoi que en mʼadressant à lʼAfssaps, jʼaurai peut-être plus de chances).
2. Supposons maintenant que lʼon trouve deux individus pour lesquels le premier (Monsieur A) est systématiquement « meilleur » que le deuxième (Monsieur B) : en chant, en peinture, en maths, au tarot, aux échecs…. bref, partout ! Lʼhypothèse parait peu plausible mais pourquoi pas ? Question : par conséquent, Monsieur A devra-t-il avoir plus de droits civiques que Monsieur B ? À lʼévidence non.
Cette dernière remarque nous amène en fait au vice de fond de tout ce bavardage sur les « égalités » ou « inégalités » de « valeur » entre gens : La seule « égalité » quʼil sʼagit de défendre est lʼégalité en droits civiques. Or elle-ci est une exigence éthique (et, de nos jours, juridique), concernant les relations entre êtres humains. Elle est donc, par nature, artificielle : cʼest un « projet » humain. Elle a émergé, au fil des siècles, justement par opposition aux relations inter-humaines « naturelles » (« loi de la jungle »), relations essentiellement de type dominant-dominé, basées le plus souvent sur la violence.
Par conséquent :
1. Vouloir « justifier » lʼégalité en droits par des arguments biologiques et “naturels” est un contre-sens. Si « lʼégalité » entre êtres humains avait été « naturelle », la question ne se serait jamais posé et on nʼen parlerait même pas.
Accessoirement :
2. Vouloir « justifier » lʼégalité en droits par une « équivalence » ès qualités (je suis meilleur en musique mais tu es meilleur en peinture, nous sommes donc « à égalité » : 1 partout) est également une stupidité. Ces « hiérarchies de valeur », multiples, vont certainement générer des positions « sociales » ou des fortunes différentes. Mais elles ne fondent aucune inégalité en droit.
Lʼégalité en droits de tous les hommes est donc :
– un concept artificiel, dʼorigine humaine, de nature éthique ;
– il sʼest forgé malgré les « inégalités » entre les hommes, fussent-elles « naturelles » ou « sociales ».
À ce titre, lʼexigence dʼégalité en droits des hommes nʼa aucun besoin de « se justifier ». Ni en invoquant dʼimprobables arguments « naturels » ou « sociaux » ni – pire encore – en essayant de nier lʼévidence des faits.
Or la démarche de lʼAfssaps est bien cela :
– au pire une négation des faits (les différences entre « races ») ;
– au « moins pire » un escamotage des faits derrière une novlangue douteuse.
Les deux activités, très proches en substance, étaient bel et bien du ressort du même Ministère de la Vérité, non ?