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Délinquants, juges et bourreaux en Nouvelle-France

Par Anne Onyme

deliquantsjugesetbourreauxennouvellefranceAndré Lachance
Libre expression
240 pages

Résumé:

Dans Délinquants, juges et bourreaux en Nouvelle-France, André Lachance propose un voyage à travers les archives criminelles de la justice royale de la Nouvelle-France. On y apprend comment se rendait la justice et par qui étaient exécutées les condamnations à des peines capitales comme la pendaison ou la roue, et à des peines corporelles, tels le fouet, la marque au fer rouge ou le carcan. On y rencontre ceux et celles qui subissaient ces châtiments mais aussi ceux qui les appliquaient. Au hasard des récits racontés par les témoins et les accusés, on découvre l'ordinaire de la vie quotidienne des petites gens, des précaires. On les voit luttant contre la faim, la violence, la haine et surtout l'injustice, dont ils étaient trop souvent victimes.

Mon commentaire:

Comment était la justice en Nouvelle-France? Les peines étaient-elles justes? Les bourreaux étaient-ils cruels? À quoi servaient les prisons? Et la flétrissure? C'est un peu à toutes ces questions que répond l'excellent vulgarisateur et historien spécialiste de la Nouvelle-France, André Lachance. C'est en parcourant les Archives nationales du Québec que l'auteur a récolté anecdotes, affaires et procès criminels qu'il nous partage dans cet ouvrage. Accompagnées de nombreuses gravures, les différentes affaires sont classées en plusieurs parties:

Transgresser
Cette première partie relate les crimes de l'époque: violences verbales, duel, meurtre, vol,prostitution, fausse monnaie, blasphème et même un cas très intéressant de sorcellerie! En Nouvelle-France, l'analphabétisme était très élevé et c'est la parole et l'honneur qui primait. Ce qui pouvait donner lieu à de l'incompréhension ou à des querelles allant jusqu'au duel et même, à la mort.

Juger et punir
Cette seconde partie nous parle de la façon dont se tenaient les procès en Nouvelle-France, comment étaient traitées les plaintes et la façon dont se déroulaient les interrogatoires. On apprend également comment était rendue la sentence.

Exécuter
Cette troisième partie du livre s'attarde sur l'application de la sentence: peine capitale, tortures, amendes honorables, peines corporelles et infamantes. On parle également du travail du bourreau, un travail très peu honorable, qui entachait alors toute la famille et les connaissances du maître des hautes oeuvres. Cette partie est tout à fait passionnante! Une liste des bourreaux nous est présentées avec des informations sur leur travail et leurs familles. Plusieurs d'entre eux sont morts dans l'exercice de leurs fonctions, d'autres étaient d'anciens criminels repentis, puisque personne ne voulait de ce travail.

Enfermer
La dernière partie nous parle du rôle des prisons en Nouvelle-France. Perçue bien différemment des prisons d'aujourd'hui, elles étaient des lieux d'attente plutôt que de sentence. C'était aussi des endroits où la vermine, le froid et les mauvaises conditions de vie étaient légion.

Pour chacune des parties, des anecdotes issues des archives illustrent le propos de l'auteur. On apprend toutes sortes de choses sur nos ancêtres et sur la façon dont la société se faisait justice au XVIIe et XVIIIe siècle. Les archives cependant, ne livrent pas tous les secrets. Certaines affaires captivantes restent malheureusement en suspens. C'est le risque encouru lorsque l'on fouille dans les archives passées. Toutefois, en général, les criminels et les justiciers de la Nouvelle-France ont laissé de bonnes traces de leur passage dans les annales criminelles et c'est avec curiosité que l'on se plonge dans ces vestiges de notre passé.

Ce qui est le plus intéressant des procès et des affaires criminelles de l'époque ce sont les traces laissées par les compte-rendus, les procès, les témoignages et les listes d'objets. Grâces à ces notes judiciaires, on peut suivre le passé de nos ancêtres, avoir une image assez précise de leur aspect physique, connaître ce qu'ils mangeaient, comment ils s'habillaient, la façon dont ils vivaient et s'amusaient, ainsi que les valeurs auxquelles ils tenaient.

La justice en Nouvelle-France me donne l'impression d'être parfois un jeu de hasard. Certaines peines étaient plus sévères que d'autres pour le même crime, alors que les nobles réussissaient souvent à s'échapper et à disparaître mystérieusement... Toutefois, les peines appliquées en Nouvelle-France me semble par moments moins sévères que celles qui étaient appliquées dans la mère patrie, en France.

Un ouvrage intéressant pour son aspect criminel et judiciaire, mais aussi très éclairant sur la façon dont vivaient nos ancêtres. Une lecture enrichissante!

Un extrait:

"La mémoire du passé est comme l'eau pour les plantes, elle permet à nos racines de vivre et de grandir." p.9

En complément:

Une vidéo très intéressante où l'historien André Lachance nous parle de son livre et de la justice en Nouvelle-France.


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