Narnia est la franchise fantastique à destination de la jeunesse qui a le mieux su résister face au petit sorcier Potter. Mais sans pour autant briller, son troisième opus n’était pas gagné : changement de producteur (Disney cède la franchise à la Fox), de réalisateur (Michael Apted remplace Andrew Adamson, auteur des deux premiers), de localisation… Narnia, le reboot avorté, fait il mieux que ses prédécesseurs? Clairement, non.
Comme chaque film, on voit donc les enfants d’un temps de crise (toujours les mêmes, toujours en mode Seconde Guerre Mondiale) s’évader vers le merveilleux monde de Narnia où ils sont célébrés comme souverains et guides spirituels. Toujours aussi douteux, mais passons ce fantasme de tout gamin que nous étions, car Narnia n’en est pas moins dangereux. Notre mini troupe retrouve le prince Caspian, inauguré dans le deuxième opus, tentant de venir à bout de quelques vieilles menaces fantastiques, magiques et forcément anciennes. L’aventure ne sera pas de tout repos, et nos héros iront de mal en pis avant de célébrer une juste victoire. Oui, forcément Narnia se termine bien, et tout le monde is happy ever after… blabla. Après un deuxième film qui avait eu le culot d’assombrir le ton et de tenter de livrer un film pour ado un poil plus mature que le reste de sa gamme (on passe les essais ratés tentant de piquer des parts de marché à Potter ou justement Narnia), le troisième film revient radicalement au film pour enfants en mal de calories. Trop engoncé dès lors dans les limites de son format (pas trop violent, pas trop .. pas trop!), Narnia 3 ne satisfera que les kids en mal de prince et princesse, dragons sympas et menaces pas trop persistantes.
Et c’est bien dommage, tant on espérait voir Apted prendre le gouvernail (la majorité de l’action se passe sur l’eau) pour diriger la franchise vers des cieux prometteurs. Non dénué de talents, surtout du côté des effets spéciaux nombreux ici, Narnia aurait mérité de célébrer la fin de son règne (un quatrième film étant peu évoqué…) de façon un peu plus marquante que ce patchwork de valeurs fondamentales familiales et chrétienne. Non, le vaisseau de la bonne morale a trouvé ici son chemin, et tout est bien qui finit bien. On en sortira un peu sale, mais qu’importe, la moulinette de la Fox a là aussi réussi son coup. Hormis quelques visuels indiquant que nous ne sommes pas dans une série B (encore que), et le passage de Tilda Swinton pour dire bonjour, rien à garder quand on a plus de 16 ans.